Les lois alimentaires : la Cacherout
Les lois alimentaires ou « cacherout » sont l’un des fondements de la tradition juive ; autrement dit, l’observance de ces lois fait partie de la judéité.
Se nourrir a, dans toute civilisation, un rôle social (on vit et on partage avec les autres) ; pour le judaïsme se nourrir est en plus un acte religieux : chaque repas débute et se termine par des bénédictions : Dieu est présent à la table quotidienne.
Qu’est-ce que la cacherout ?
- C’est un des 613 commandements (mitsvot) de la Torah
- Une alimentation cacher signifie une alimentation propre à la consommation, conforme à la loi juive ; son origine est incertaine (hygiénique, sociale, symbolique ?) mais la Torah présente ces règles comme un décret divin, une loi religieuse qu’il convient d’accepter sans chercher de justification autre que le dernier verset de Lev 11 : « vous serez saints car je suis saint » : tel est le chemin vers la sainteté voulu par Dieu pour le peuple juif.
- Elle est régie par trois principes :
– la sélection : le livre du Lévitique au chapitre 11 donne une liste d’aliments dits « purs » donc comestibles : ruminants à sabots fendus, poissons pourvus d’écailles et de nageoire, volaille, quatre insectes.
– la préparation : tout animal doit être tué par un abattage rituel puis vidé de son sang : il est en effet interdit de consommer du sang (Dt 12,23) car « le sang c’est la vie et tu ne mangeras pas la vie avec la chair ».
– le non-mélange : il est interdit de consommer le lait et la viande ensemble (plat et repas), d’après ce qui est écrit en Ex 23,19 : « tu ne feras pas cuire le chevreau dans le lait de sa mère ».
Pourquoi le respect de ces lois ?
- Pour se mettre en présence de Dieu en tout moment, même trivial, de la journée.
- La bénédiction du début de repas qui diffère le moment de manger, permet une certaine retenue, une distanciation par rapport à la réalité.
- L’interdit de manger appelle à apprivoiser l’appétit de manger, l’instinct naturel.
- Et s’il peut être perçu comme une frustration, appelle aussi à l’exercice de la liberté.
- Rappelle aussi au peuple juif sa singularité et la finalité de son existence ( Josy Eisenberg dans « ABC du Judaïsme » )
- (A favorisé la survivance du peuple juif au cours des siècles)
Le respect de la cacherout est particulièrement significatif lors de la célébration du shabbat et lors de la fête de la Pâque (Pessah)
La cacherout et le Nouveau Testament
On ne trouve pas dans les évangiles de mention particulière de ces lois alimentaires, malgré les nombreuses scènes de repas. Seul un passage (en Mt 15,10-20) présente Jésus mettant en garde contre une interprétation trop ritualiste de ces lois alimentaires.
En revanche il sera question du respect ou non de ces lois dans les Actes des Apôtres et les lettres de Pierre et Paul, en lien avec l’élargissement de la communauté chrétienne naissante aux non juifs : fallait-il ou non obliger ces derniers à respecter des lois réservées au peuple juif ?
La vision rapportée en Ac 10 éclaire l’apôtre Pierre à ce sujet.
L’assemblée des disciples et anciens à Jérusalem (Act 15) décidera des règles à appliquer aux chrétiens d’origine païenne.
L’épître aux Galates (Gal 2,11) témoigne de la tension qui demeure entre les responsables de la première communauté au sujet de l’observance de la loi mosaïque.