Bonne fête de Pâque !

« Hag Pessah sameah ! » du samedi soir 12 avril au dimanche 20 avril 2025

« De la constante actualité de Pessah… »

Pour évoquer la constante actualité de Pessah, comment ne pas faire référence à Isaac Abrabanel, l’un des grands maîtres d’Israël. Un homme qui se trouva au centre de la grande épreuve de l’expulsion de centaines de milliers de Juifs d’Espagne.

Durant cet exil, Abrabanel s’adonna au commentaire de l’Écriture. Avec, dans son ouvrage majeur, « Premiers prophètes » cette question «Qu’avons-nous gagné par cette sortie d’Égypte ?». A cette interrogation essentielle, il donna plusieurs réponses, dont celle-ci qui est la plus décisive « Si nous n’étions pas sortis d’Égypte, nous ne serions pas arrivés au pied du mont Sinaï, nous n’aurions pas reçu la Torah et les préceptes, et la Présence divine n’aurait pas résidé parmi nous ».

Par cette réflexion, il ressort que la finalité de la sortie d’Égypte n’était pas uniquement de s’affranchir de la servitude mais de se préparer à accueillir la Torah qui, en particulier avec ses dix Paroles, est source de la liberté véritable de l’homme. En effet, seul l’homme qui accepte d’éclairer sa conscience par la Torah, qui conduit à une attitude éthique vis à vis de nos frères et sœurs en humanité, peut s’affranchir de ses instincts et de ce qui le déshumanise.

A ce sujet, lors du Seder de Pessah, la phrase centrale de l’Haggadah est cette affirmation « qu’à chaque génération tout homme se considère comme étant lui-même sorti d’Égypte ». Ce qui signifie que l’histoire du salut ne se limite pas à une information du passé, elle est en même temps une réalité de salut toujours renouvelée. C’est ainsi que la bénédiction, avant la lecture de la Torah, est dite au présent « Lui qui donne la Torah » et non « qui donna la Torah ». Certes, celle-ci a été donnée, mais elle est redonnée chaque jour, dans toute sa nouveauté, à tout homme qui l’étudie.

Cette année, nous avons la grâce d’une concomitance de dates entre les fêtes de Pessah qui commencent ce samedi et s’achèveront le jour de Pâques. Magnifique opportunité, pour les catholiques, de se rappeler de l’importance des sources juives du christianisme et pour nous tous, Juifs et Chrétiens, qui sommes de la lignée d’Abraham, de mesurer la pertinence de l’intuition de Martin Buber qui dans son « Je et Tu » indique qu’on n’arrive pas à Dieu en évitant le monde. En nous, c’est tout l’Univers que nous devons tendre vers Dieu. Nous sommes ainsi responsables de plus que nous-mêmes, nous sommes responsables de notre prochain. « Hag Pessah Sameah ! ».

Père Christophe Le Sourt

©o-judaisme.com

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