Les sources juives de la messe : 4 – le mémorial de la Pâque
La prière Eucharistique est le cœur de la liturgie de la messe et elle plonge ses racines dans la célébration de la fête de la Pâque juive : Pessah.
La prière Eucharistique
C’est le « Canon de la messe », ce qui veut dire que la règle en est fixée depuis les débuts de l’Eglise, vers le 3ème siècle. Mais avec le concile Vatican II, quatre formules sont offertes au choix du célébrant, reprenant d’anciennes prières de la période apostolique.
Le seder de Pessah, est un mémorial de la sortie d’Égypte, de la délivrance de l’esclavage.
Or un mémorial c’est l’acte de faire mémoire du passé pour actualiser le signe, reçu dans le passé.
Ce signe est un gage de ce que Dieu renouvellera son secours, aujourd’hui, comme dans l’histoire passée.
Ainsi les juifs diront pendant ce repas : Aujourd’hui Je suis sorti d’Égypte, ce qui signifie : Aujourd’hui le Seigneur me libère de tous mes esclavages ! Et je le vis au cours de ce repas à travers les paroles et les gestes qui sont accomplis.
Ce repas rituel, est très codifié, comme toute liturgie. Il est partagé en famille…. avec tous les petits et les grands, des amis sont invités, car personne ne doit rester seul en ce soir de délivrance.
Déjà au temps de Jésus l’obligation était de :
– Raconter toute l’histoire du peuple depuis Abraham jusqu’à Moïse… On insiste sur les plaies d’Egypte et combien Dieu est intervenu pour les libérer : la haggadah de Pessah
– Manger le pain azyme, la matsa, avec les herbes amères pour rappeler la dureté de l’esclavage et le mortier qui rappelait les briques exigées.
Rompre la galette de pain azyme après une bénédiction et la partager en veillant à ce que chacun soit d’accord pour la recevoir ! (cf nos hosties)
– Manger l’agneau, immolé sur l’esplanade du temple la veille de Pessah entre 14h et 18h. (heure où Jésus sera immolé sur la croix), rôti et partagé.
Jésus a voulu célébrer une dernière fois avec ses disciples, ce repas, Luc nous le dit avec certitude : Luc, 22, 7-8 : « Arriva le jour des pains sans levain, où il fallait immoler l’agneau pascal. Jésus envoya Pierre et Jean, en leur disant : « Allez faire les préparatifs pour que nous mangions la Pâque. » »
Lors la prière eucharistique nous faisons mémoire de toute l’histoire du salut (notamment dans la prière eucharistique n°4) avec le rappel de la création du monde, de la multiplication des alliances, jusqu’à l’envoi de son Fils… puis vient le récit de la Cène et de l’offrande de Jésus qui a affirmé, Jean 10,18 : « Ma vie nul ne la prend mais c’est moi qui la donne. »
Encadrée par la demande de l’Esprit Saint, les Paroles prononcées par Jésus au soir de la Cène et qu’il confie à ses disciples, sont reprises jusqu’à ce jour.
Car c’est le Christ qui offre et est offert : grand prêtre et victime tout à la fois !
Ainsi la messe est le mémorial de notre rédemption : un acte sacramentel par lequel ce qui a été accompli dans le passé, une fois pour toutes, nous est réellement donné dans le présent de la foi de l’Église et nous ouvre à l’avenir de l’humanité, appelée à « recevoir » un jour le Christ en gloire. [1]
C’est ce que nous proclamons : Gloire à Toi qui étais mort, Gloire à Toi qui est vivant, notre Sauveur et notre Dieu, Viens Seigneur Jésus.
Le repas
La prière du Notre Père ouvre alors au partage.
Cette prière est très juive dans son orientation vers le Père Créateur, dont le nom est au dessus de tout Nom, et dans chacune de ses demandes.
Elle rassemble tous les fidèles dans l’unité, tous des enfants de Dieu, des frères et sœurs.
Alors la paix du Christ qui descend de l’autel peut se partager et se répandre dans l’assemblée.
Après la vision de Dieu au Sinaï, Moïse mange et boit avec les anciens et le peuple ; nous lisons : Exode 24, 9-11 « Et Moïse gravit la montagne avec Aaron, Nadab et Abihou, et soixante-dix des anciens d’Israël. Ils virent le Dieu d’Israël : il avait sous les pieds comme un pavement de saphir, limpide comme le fond du ciel. Sur ces privilégiés parmi les fils d’Israël, il ne porta pas la main. Ils contemplèrent Dieu, puis ils mangèrent et ils burent. »
Après l’offrande sacrificielle, ils virent le Dieu d’Israël … puis ils mangèrent et ils burent.
Comme à Pessah, où après la longue liturgie, la famille partage un repas… ainsi après le mémorial de la passion – résurrection de Christ, l’assemblée partage le repas : c’est la Communion avec le rappel de l’Agneau pascal : Agneau de Dieu….
Le soir de la Cène, tout est préparé, mais l’agneau de Pessah n’est pas encore immolé, cet agneau dont le sang en Égypte a été badigeonné sur les portes des maisons des Hébreux qui ont été épargnés par l’ange de la mort. Jésus et ses disciples ne mangeront pas ensemble l’agneau pascal.
L’Agneau de Pâques : c’est Jésus lui-même, immolé sur la Croix à l’heure de l’immolation au Temple.
Et c’est son corps qui nous est distribué dans cette hostie que nous recevons et mangeons.
L’envoi : la transmission
Nous ne pouvons garder cette merveille pour nous, nous devons le transmettre comme Moïse le dit à son peuple : Exode 12, 26-27 » Et quand vos fils vous demanderont : “Que signifie pour vous ce rite ?” vous répondrez : “C’est le sacrifice de la Pâque en l’honneur du Seigneur : il a passé les maisons des fils d’Israël en Égypte ; lorsqu’il a frappé l’Égypte, il a épargné nos maisons !» ».
Ou ces paroles de la profession de foi d’Israël : Deutéronome 6-7 : « Ces paroles que je te donne aujourd’hui resteront dans ton cœur. Tu les rediras à tes fils, tu les répéteras sans cesse, à la maison ou en voyage, que tu sois couché ou que tu sois levé. »
Après un temps de silence et de recueillement, il ne nous reste plus qu’à conclure et pousser notre cri de joie, rendre grâce à Dieu et aller annoncer par toute la terre les merveilles de Dieu.
[1] Ibd p.154
Fiche technique :La messe – plan – 4