Jésus : un juif pratiquant ?
L’enracinement de Jésus dans sa tradition.
Il est impossible de comprendre les évangiles sans leur contexte, il est impossible de comprendre la personne de Jésus sans qu’il soit vu comme un juif de la période du second Temple avec tout ce que cela comporte de pratiques, de tensions et de discussions.
Il ne faut pas oublier qu’avant ses trois ans de ministère que nous relatent les évangiles, jésus a été trente ans un juif ordinaire pratiquant. C’est le titre du livre de Robert Aron : « les années obscures de Jésus ».
Il y a un titre qui est donné à Jésus dans les évangiles et que nous oublions, c’est celui de prophète. Or c’est bien là un titre éminemment biblique et juif. On l’a un peu oublié car les titres de Messie, Sauveur, etc….ont prévalu mais il y a là un enracinement de Jésus dans la tradition. « Jésus est un prophète juif, et il nous faut retrouver la vérité de ce titre et de cette appellation dans le cadre d’un dialogue qui serait véritablement judéo-chrétien »[1] C’est là un titre qui est acceptable par les Juifs et qui nous permet de mettre en valeur que ce qui nous unit est ce qui nous sépare : Jésus. On peut parfaitement faire rentrer Jésus dans le triptyque du prophétisme : Monothéisme, Messianisme, et Moralisme.
Il faut enfin citer Jean-Paul II dans son discours à la Commission Biblique Pontificale d’avril 1997 : « 3. En réalité, on ne peut exprimer pleinement le mystère du Christ sans recourir à l’Ancien Testament. L’identité humaine de Jésus se définit à partir de son lien avec le peuple d’Israël, avec la dynastie de David et la descendance d’Abraham. Et il ne s’agit pas seulement d’une appartenance physique. En prenant part aux célébrations dans la synagogue où étaient lus et commentés les textes de l’Ancien Testament, Jésus prenait aussi humainement conscience de ces textes, il nourrissait son esprit et son cœur de ces textes, s’en servant ensuite dans sa prière et s’en inspirant dans son comportement ».
Il est devenu ainsi un authentique fils d’Israël, profondément enraciné dans la longue histoire de son peuple. Quand il a commencé à prêcher et à enseigner, il a puisé abondamment dans le trésor des Écritures, enrichissant ce trésor d’inspirations nouvelles et d’initiatives inattendues. Celles-ci – notons-le – ne visaient pas à abolir l’ancienne révélation, mais, bien au contraire, à l’amener à son accomplissement parfait. L’opposition toujours plus vive que Jésus a dû affronter jusqu’au Calvaire, a été comprise par lui à la lumière de l’Ancien Testament, qui lui révélait le sort réservé aux prophètes. Il savait aussi, à partir de l’Ancien Testament, que finalement l’amour de Dieu est toujours victorieux.…/ …
« Vous êtes appelés à aider les chrétiens à bien comprendre leur identité. Une identité qui se définit avant tout par la foi au Christ, Fils de Dieu. Mais cette foi est inséparable du rapport à l’Ancien Testament, du moment que c’est une foi dans le Christ « mort pour nos péchés, « selon les Écritures » et « ressuscité… selon les Écritures » (1 Co 15, 3-4). Le chrétien doit savoir que, par son adhésion au Christ, il est devenu « descendance d’Abraham » (Ga 3, 29) et qu’il a été greffé sur le bon olivier (cf. Rm 11, 17. 24), c’est-à-dire inséré dans le peuple d’Israël pour être « participant de la racine et de la lymphe de l’olivier » (Rm 11, 17). S’il possède cette forte conviction, il ne pourra plus accepter que les juifs en tant que juifs soient méprisés ou, pire, maltraités. « [2]
[1] « Jésus est né Juif », Laurent Ganebin, Sens 1982 n°9-10 p. 208-213 repris dans J et C pourquoi…… 124
[2] JP II, CBP idem