Commentaire du Psaume 21 (22) dimanche des Rameaux et de la Passion
Psaume (21 (22), 8-9, 17-18a, 19-20, 22c-24a)
Tous ceux qui me voient me bafouent ; ils ricanent et hochent la tête : « Il comptait sur le Seigneur : qu’il le délivre ! Qu’il le sauve, puisqu’il est son ami ! » Oui, des chiens me cernent, une bande de vauriens m’entoure ; Ils me percent les mains et les pieds, je peux compter tous mes os. Ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement. Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin : ô ma force, viens vite à mon aide ! Mais tu m’as répondu ! Et je proclame ton nom devant mes frères, je te loue en pleine assemblée. Vous qui le craignez, louez le Seigneur.
Les premiers versets de ce psaume sont esquivés :
1 – Au chef des Chantres – Au plus fort de l’aurore – psaume de David
2 – Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
« Éloï, Éloï, lama sabactani ? », rapportera Marc, qui prend soin d’en préciser la traduction ; car cette expression araméenne, en aucun cas, ne peut être interprétée comme un appel au prophète Elie : Elyahou ! Clamé à haute voix, ce début du psaume signifie que Jésus a prié le psaume en entier, comme il était de coutume dans la liturgie. Osons donc lire le psaume en entier pour mieux entendre ce que Jésus disait à la foule, du haut de la croix, en lançant son cri.
Le salut est loin de moi, loin des mots que je rugis. 03 Mon Dieu, j’appelle tout le jour, et tu ne réponds pas ; même la nuit, je n’ai pas de repos. 04 Toi, pourtant, tu es saint, toi qui habites les hymnes d’Israël! 05 C’est en toi que nos pères espéraient, ils espéraient et tu les délivrais. 06 Quand ils criaient vers toi, ils échappaient ; en toi ils espéraient et n’étaient pas déçus. 07 Et moi, je suis un
ver, pas un homme, raillé par les gens, rejeté par le peuple.
Le poète exprime un désarroi complet : Dieu lui même l’aurait abandonné ? Il ne l’entend plus ? C’est le même cri d’angoisse qui vaut à Jésus des sueurs de sang, au mont des oliviers, rapportées par Luc (Luc 22 44) :
Entré en agonie, Jésus priait avec plus d’insistance, et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient sur la terre …
8 Tous ceux qui me voient me bafouent, ils ricanent et hochent la tête :
09 « Il comptait sur le Seigneur : qu’il le délivre ! Qu’il le sauve, puisqu’il est son ami ! »
Il est livré au mépris et aux railleries de ses ennemis ! Dieu lui semble très loin de lui, absent !
Et cependant c’est dans cette situation de détresse extrême qu’il exprime sa confiance en Celui qui est tout pour lui, depuis le ventre de sa mère :
10 C’est toi qui m’as tiré du ventre de ma mère, qui m’a mis en sûreté entre ses bras.
11 A toi je fus confié dès ma naissance ; dès le ventre de ma mère, tu es mon Dieu.
12 Ne sois pas loin : l’angoisse est proche, je n’ai personne pour m’aider. Mais ses ennemis sont cruels, semblables aux chiens, aux taureaux, aux lions qui rugissent :
13 Des fauves nombreux me cernent, des taureaux de Basan m’encerclent.
14 Des lions qui déchirent et rugissent ouvrent leur gueule contre moi.
15 Je suis comme l’eau qui se répand, tous mes membres se disloquent. Mon cœur est comme la cire, il fond au milieu de mes entrailles.
16 Ma vigueur a séché comme l’argile, ma langue colle à mon palais. Tu me mènes à la poussière de la mort.
17 Oui, des chiens me cernent, une bande de vauriens m’entoure. Ils me percent les
mains et les pieds ; 18 je peux compter tous mes os. Ces gens me voient, ils me regardent.
19 Ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement.
Si ce psaume décrit si bien ce que les évangélistes nous dépeignent de la passion de Jésus, c’est que les juifs d’alors avaient en mémoire cette situation vécue si souvent au temps des envahisseurs assyriens, babyloniens puis romains ! N’oublions pas que, dans sa jeunesse, Jésus a vu sur les routes de nombreux crucifiés. C’était la loi romaine !! Et lorsque vers l’an 6 eut lieu la révolte de Judas le Galiléen, Séphoris, si proche de Nazareth, fut détruite, rasée, et tous les révoltés furent crucifiés sur les routes ! A chaque crucifixion les soldats, en guise de prime, se partageaient les effets du crucifié !
20 Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin : ô ma force, viens vite à mon aide !
21 Préserve ma vie de l’épée, arrache-moi aux griffes du chien ;
22 sauve-moi de la gueule du lion et de la corne des buffles.
Tu m’as répondu ! 23 Et je proclame ton nom devant mes frères, je te loue en pleine
assemblée.
24 Vous qui le craignez, louez le Seigneur,
L’appel au secours est entendu et c’est un merci pour témoigner de cette force divine qui l’accompagne et toute la fin du psaume n’est que louange à la grandeur divine, afin que toutes les familles des nations de la terre reconnaissent l’autorité de Dieu et qu’elles plient le genou devant Lui :
Glorifiez-le, vous tous, descendants de Jacob, vous tous, redoutez-le, descendants d’Israël. 25 Car il n’a pas rejeté, il n’a pas réprouvé le malheureux dans sa misère ; il ne s’est pas voilé la face devant lui, mais il entend sa plainte. 26 Tu seras ma louange dans la grande assemblée ; devant ceux
qui te craignent, je tiendrai mes promesses. 27 Les pauvres mangeront : ils seront rassasiés ; ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent : « A vous, toujours, la vie et la joie ! » 28 La terre entière se souviendra et reviendra vers le Seigneur, chaque famille de nations se prosternera devant lui : 29 « Oui, au Seigneur la royauté, le pouvoir sur les nations ! » 30 Tous ceux qui
festoyaient s’inclinent ; promis à la mort, ils plient en sa présence. 31 Et moi, je vis pour lui : ma descendance le servira ; on annoncera le Seigneur aux générations à venir. 32 On proclamera sa justice au peuple qui va naître : Voilà son œuvre !
Commentaire Yvonne Schneider-Maunoury