Fadiey LOVSKY (1914-2015)

Né à Paris de parents russes d’origine orthodoxe mais non pratiquants fuyant le tsarisme, il rencontre le Christ à travers des camps de jeunes protestants et par l’exemple et l’enseignement des pasteurs Thomas Roberts, Philippe Blanc et Henri Nick. Il fut baptisé à l’âge de vingt ans en 1934. Il sera dès lors sensible au protestantisme pentecôtiste incarné par le pasteur Louis Dallière et sa communauté de l’Union de Prière de Charmes-sur-Rhône, en Ardèche.

Professeur d’histoire dans le secondaire pendant toute sa carrière, il fut très tôt interrogé par l’existence douloureuse du peuple juif à travers les âges, signe pour le monde et singulièrement pour l’ensemble des Églises. C’est ainsi qu’il fut l’un des premiers historiens et théologiens chrétiens après la Shoah à écrire un ouvrage qui fit date sur Antisémitisme et Mystère d’Israël dès 1955. En lien avec Jules Isaac et Edmond Fleg, il cofonda l’Amitié Judéo-Chrétienne de France en 1948. Il dirigea aussi dès 1947 les Cahiers d’Études  Juives – expression très audacieuse à l’époque – de la revue protestante Foi & Vie, et la même année devint le premier secrétaire de la commission « Église et peuple d’Israël » de la Fédération protestante de France. Il en fut le Président de 1980 à 1986.

L’une de ses grandes intuitions était que si chaque Église portait en priorité sa recherche sur sa racine sainte, vétéro-testamentaire, c’est-à-dire juive, en suivant la recommandation de saint Paul dans son Épître aux Romains (9-11), chaque Église aurait à partir de là une relation à nouveau frais et beaucoup plus renouvelée dans ses relations œcuméniques avec les autres Églises. Son autre grand livre qui en porte la trace vive est La déchirure de l’absence, avec son sous-titre, Essai sur les rapports de l’Église du Christ et du peuple d’Israël, paru en 1971, et particulièrement son chapitre, « Le peuple d’Israël, pivot œcuménique du peuple de Dieu ». Autrement dit, il enjoignait chaque chrétien à penser conjointement la relation avec les autres Églises et celle avec ses frères juifs.

C’est pour toutes ces convictions et ce combat que Fadiey Lovsky reçut le Prix de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France pour l’année 2000.