Jérusalem
Jérusalem : sous ce nom, la ville est citée 667 fois dans l’Ancien Testament,
et sous le nom « Sion » 154 fois ;
elle est citée 146 fois dans le Nouveau Testament
Elle apparaît aussi sous d’autres nominations : Yechouroun, Ariel, etc.
Le terme n’apparaît pas dans la Torah (le Pentateuque) , mais la ville de « Salem » du roi Melchisédech (Gn 14.18 ) lui est traditionnellement identifiée. Dans le Deutéronome, il s’agit du « lieu que Dieu a choisi pour y faire demeurer son Nom ». (Dt 12, 11)
Historique
Au confins des tribus du Nord et du Sud, la cité représente le lieu idéal pour devenir la capitale (2 Sm 5.1-13) lorsque David réalise l’unité politique des deux Royaumes.
Elle devient également le lieu de l’unité religieuse avec le transfert de l’Arche par David (2Sm 6) puis la construction du Temple par Salomon (1 R 7) et la centralisation du culte en ce lieu, mise en valeur des réformes, notamment de Josias ( 2R23-24 ). En conséquence, trois fois par an pour les fêtes de pèlerinage, les Hébreux se présentaient au Temple. (Ex 23.17)
Détruite une première fois en -586, elle est reconstruite à partir du retour des exilés avec Esdras.
Dans les livres des prophètes l’espérance se focalise sur Jérusalem comme lieu de rassemblement du peuple et signe du pardon de Dieu (Is ch 45 à 55) et dans une perspective universaliste, de tous les peuples de la Terre (Jr 3.17 ; Za 8.20-22 et Is 56.7). Cette espérance débouche sur une vision eschatologique de la Jérusalem céleste de la fin des temps, ville de paix ( Is 2.4)
Après la chute de Jérusalem et la destruction du Temple en 70, la tradition rabbinique va opérer un transfert du culte au Temple sur le culte synagogal et Jérusalem va demeurer au cœur de l’espérance juive. Le retour à Sion nourrit toute la spiritualité juive. En fonction de l’attitude des différents pouvoirs souverains entre 132 et 1947, les juifs s’efforceront d’être présents dans la ville. La population de Jérusalem devient majoritairement juive à partir du milieu du XIX siècle.
Jérusalem et sa restauration demeurent au centre de l’espérance juive à travers les siècles. Tant dans la liturgie ( par la prière : Amidah, bénédiction de la table, seder de Pessah) que dans le calendrier (trois jeûnes par an en mémoire de la destruction du Temple) ainsi que dans les pratiques (bris d’un verre au mariage, etc…) Jérusalem demeure au cœur de la vie du peuple juif.
Jérusalem dans le Nouveau Testament
Logiquement, on peut voir à travers les évangiles la présence de Jérusalem dans la vie de Jésus (Lc13,34 ; 19,41…. ) Chaque évangéliste montre des nuances dans le rapport de Jésus à Jérusalem mais pour tous elle devient le lieu de confrontation de Jésus avec les autorités juives de son temps et le lieu de l’accomplissement de la Rédemption. Ainsi de la seule religion chrétienne Jérusalem est le lieu de naissance. L’évangéliste Luc met particulièrement en valeur cette centralité de Jérusalem dans la foi chrétienne, comme point d’aboutissement puis comme point germinal de la communauté chrétienne ;
Elle est le lieu de naissance de l’Église primitive, le lieu de référence des communautés nouvelles. Avec la liberté accordée aux chrétiens les pèlerinages se multiplient aux « lieux saints » et une vie liturgique en lien avec cette réalité se développe à Jérusalem ; la présence notamment monastique se développe.
La Jérusalem céleste devient la vision eschatologique qui nourrit l’espérance de l’accomplissement final ; (Ap 21)
Pour le chrétien, Jérusalem devient un lieu de pèlerinage sur les traces de l’accomplissement de la Rédemption, témoignage de la réalité de l’Incarnation. Le monde chrétien ne cessera de se battre pour la liberté d’accès à Jérusalem, le respect des droits des communautés chrétiennes locales.
Comme le rappelait Jean Paul II : « Jérusalem, avant même d’être la ville de Jésus, le Rédempteur, a été le lieu historique de la révélation biblique de Dieu, le point où, plus qu’en tout autre lieu, se noue le dialogue entre Dieu et les hommes, comme le point de rencontre entre la terre et le ciel. » (Redemptiionnis anno )
Jérusalem aujourd’hui
Aujourd’hui l’Église catholique défend la spécificité de Jérusalem, sa valeur pour les trois grandes religions monothéistes et sa dimension universelle. «Mais, si Jérusalem est sacrée pour les juifs, les chrétiens et les musulmans, elle l’est aussi pour beaucoup de personnes dans le monde entier qui la considèrent comme leur capitale spirituelle et viennent ici en pèlerinage, pour prier et retrouver les racines de leur foi. C’est l’héritage culturel de tous, même de ceux qui y viennent simplement en touristes…/…Jérusalem est une réalité unique : elle fait partie du patrimoine universel. » (Cardinal Tauran, 26 octobre 1998)
Les questions politiques et de souveraineté doivent être résolues par les parties prenantes locales mais avec la perspective de cette valeur particulière pour chacune des trois grandes religions monothéistes mais aussi pour tout homme. L’attachement particulier de chacun à Jérusalem ne doit pas aboutir à une vision particulariste et exclusiviste mais à une cohabitation qui permette que tous puisse reprendre et vivre la parole du psalmiste : « à Jérusalem, chacun lui dit mère. » (Ps 86/87, 5-6)