La synagogue

C’est dans la synagogue que se réunissent les Juifs pour le culte, la prière, l’étude, lors des grandes fêtes et pour Shabbat.

La synagogue qui depuis le retour d’exil coexiste avec le Temple deviendra le seul lieu de culte après sa destruction définitive en 70 ap.JC

Origine

Le mot « synagogue » vient du grec « synagogé » (en latin ecclesia) qui signifie « assemblée » avant de s’appliquer au lieu où se réunit l’assemblée. En hébreu la synagogue se dit « bet knesset ».

Historique

– Les origines restent mal définies, même si l’on s’accorde à peu près pour faire remonter l’existence des synagogues lors de l’exil à Babylone (après 586 av.JC). Les exilés se retrouvaient peut-être pour célébrer Shabbat, pour se consoler de la perte de leur terre, de leur Temple, pour étudier, pour prier…   Ez 8,,1 ; 14,1 ; 20,1…

• Au retour d’exil et lors de la reconstruction du Temple des synagogues se construisirent en Terre d’Israël (attestées par la Michna et le Talmud de Jérusalem) mais également en Egypte, à Rome ; les plus anciennes synagogues en Israël ont été retrouvées à Massada, au sud de Jérusalem (l’Herodion) et en Galilée.
•  Il faut attendre le 1°siècle ap. jc. pour voir les synagogues comme institutions bien établies, en Israël et en diaspora. Cette institution de plus en plus stable a été essentielle pour la survie du peuple juif et pour la construction du judaïsme rabbinique après la destruction du 2° Temple de Jérusalem en 70 ap.JC. Certains rites du Temple furent assurés par la synagogue : les sacrifices furent remplacés par la prière et les offices à la synagogue remplacèrent les offrandes communautaires régulières. La synagogue était un lieu saint où le bavardage et l’oisiveté, la nourriture et le gîte n’étaient pas autorisés.
• Avec la destruction du Temple, l’institution du Sacerdoce disparait. La dimension communautaire devient centrale et il était nécessaire d’avoir un quorum de 10 hommes (le minyan) pour pouvoir sortir les rouleaux de la Torah et officier [ à noter qu’il en est de même aujourd’hui] ; ce fut une transformation radicale pour le judaïsme.
•  Au Moyen Age, la synagogue était le lieu central de la vie juive dans les villes ; le bâtiment n’était pas imposant (législation oblige !) mais elle fonctionnait toute la journée : les hommes y priaient et assistaient aux offices 3 fois par jour ; si quelqu’un avait un problème à régler avec un autre il pouvait interrompre la lecture jusqu’à ce que le problème soit résolu ; le tribunal rabbinique y siégeait ; elle servait de maison d’étude (Beth Hamidrash) ; elle assurait l’hospitalité au voyageur ;  on y trouvait un bain rituel (un miqvé), un four pour fabriquer le pain azyme, une salle des fêtes, une bibliothèque.

Aujourd’hui

La synagogue reste pour les juifs un lieu vital de culte, prière, étude et rencontre.
L’intérieur a évolué avec le temps : à l’origine c’était un bâtiment rectangulaire à 1 ou plusieurs nefs où hommes et femmes étaient séparés : c’est encore le cas dans une synagogue traditionnelle mais plus le cas dans le judaïsme réformé.

La chaire du lecteur (bemah) se situe au milieu de l’assemblée.

Au fond, sur le mur tourné vers Jérusalem, (oriental ou occidental selon les pays) se trouve, derrière un voile, l’Arche Sainte ou sanctuaire qui abrite les rouleaux manuscrits de la Torah (le Pentateuque) : le Sefer Torah considéré comme sacré.

L’Arche elle-même comporte un rideau brodé et une flamme reste allumée en permanence devant ou à proximité. (cf la Menorah).

Lorsque la lecture de la Torah est prescrite, les rouleaux sont sortis avec un grand respect et grande joie (lors de la fête de Simrat Torah –ou joie de la Torah- par exemple), déroulés pour la lecture assurée par un chantre .

Les Juifs se rendent à la synagogue pour Shabbat, les fêtes, et pour les plus observants, pour prier au moins un jour sur deux, car on ne doit pas laisser passer plus de deux jours sans lire la Torah.

La synagogue dans le Nouveau Testament

Les Évangiles mentionnent Jésus faisant la lecture et commentant les Écritures dans la synagogue de Nazareth(Lc4,16) , guérissant un homme dans une autre (Mt 12,9), à Capharnaüm(Lc4,3)  « parcourant villes et villages, enseignant dans leurs synagogues et proclamant la Bonne Nouvelle du Royaume et guérissant toute maladie »(Mt9,35).

Après la résurrection du Christ, c’est dans les synagogues que l’évangile est d’abord annoncé. L’apôtre Paul s’est en effet d’abord adressé aux Juifs :  les Actes de Apôtres mentionnent Paul prêchant dans les synagogues à Damas, en Asie Mineure, à Chypre. (Ac 9,19 ; Ac 13,4…..)

Tradition juive et tradition chrétienne

Comme l’indique l’étymologie l’église, à l’instar de la synagogue, est le lieu de réunion de la communauté chrétienne. Des éléments de l’architecture synagogale se retrouvent dans les églises, mais avec des nuances : la synagogue est orientée vers Jérusalem, de même l’église est orientée mais vers l’Est : symbole du Christ, soleil levant. Dans la tradition syrienne-orientale on trouve le lieu de la parole au centre de l’église, comme le bemah de la synagogue. De même le plan des églises primitives reprend, comme les synagogues, un plan de type basilical.La séparation homme/femme dans l’espace demeura aussi jusque récemment dans les églises.