Hanouka
La fête de Hanouka commémore la purification du Temple de Jérusalem, après sa profanation, en l’an 164 avant notre ère. Le mot hanouka signifie en hébreu : dédicace ou inauguration.
Elle dure huit jours.
Origine historique
Dans la deuxième moitié du deuxième siècle avant notre ère, le roi de Syrie, Antiochus Epiphane, avait profané le Temple de Jérusalem pour le consacrer à Zeus, et interdit le culte juif. Il s’en était suivi une révolte, menée par Juda Maccabée et ses frères, qui avait abouti à la reconquête du Temple et à sa dédicace. C’est ce que relatent les Livres des Maccabées, lu aujourd’hui en liturgie chrétienne sous le nom du Livre des Martyrs d’Israël. (cf. I Macc 4, 36-60)
Judas décida avec ses frères et toute l’assemblée d’Israël que les jours de la dédicace de l’autel seraient célébrés en leur temps chaque année pendant huit jours, à partir du 25 du mois de Kisleu, avec joie et allégresse. » ( I Macc 4, 59)
On en retrouve la mention dans le plus vieux document de Halakha (loi orale juive), « le rouleau des jeûnes » qui date apparemment de la fin du deuxième siècle avant l’ère chrétienne. Et aussi dans l’un des plus anciens textes liturgiques, « al hanissim » qui était toujours lu pendant les 8 jours de Hanouka aux trois prières quotidiennes, ainsi que dans les bénédictions après le repas. Il y est question du miracle de la victoire militaire.
Vers la fin du deuxième siècle de l’ère chrétienne ou au début du troisième siècle, la légende de la fiole d’huile apparaît : « En pénétrant dans le Temple, les Maccabées n’auraient trouvé qu’une petite fiole d’huile portant le sceau du Grand Prêtre, ce qui ne permettait d’allumer les lumières de la Menorah (grand chandelier à sept branches) que pendant une journée. Or, miraculeusement, cette huile dura les huit jours nécessaires à la confection d’une nouvelle provision d’huile sainte. »
D’où le rite de la lumière qui se développa et fit mettre l’accent sur le miracle de la Tora qui ne passera pas.
Le rituel aujourd’hui
Il consiste à allumer chaque jour, pendant les huit jours de la fête, une hanoukia ou chandelier à huit branches, plus une : le Shamash, le serviteur. On allume une première lumière le premier soir, puis deux le second et ainsi de suite jusqu’à huit, en prononçant chaque fois la bénédiction suivante : « Sois loué, Éternel notre Dieu, roi de l’univers, qui nous a sanctifiés par tes commandements et nous a ordonné d’allumer les lampes de Hanouka. » *
« Sois loué, Éternel notre Dieu, roi de l’univers, qui a autrefois fait des miracles en faveur de nos ancêtres à pareille époque »
La hanoukia doit être placée sur un rebord de fenêtre, ou de façon à être visible de l’extérieur. Elle symbolise la victoire de la lumière (de la Tora) sur les ténèbres. C’est pourquoi, tout au long de la fête, on chante le grand Hallel, c’est-à-dire les Ps 113 à 118. On offre des cadeaux aux enfants et on joue à la toupie pour répondre à la question : quel grand miracle il y eut là-bas, ou ici si on est sur la terre d’Israël ?
Dans le Nouveau Testament
On trouve une allusion à la fête de Hanouka dans l’évangile de Jean : » On célébrait alors à Jérusalem la fête de la Dédicace ; c’était l’hiver » (Jn 10, 22)
Cette fête se célèbre toujours en décembre, aux alentours de la fête de Noël. On ne peut donc manquer de faire le rapprochement sur le thème de la lumière qui triomphe des ténèbres. « La lumière brille dans les ténèbres » (Jn1,5)
Dans une lettre que Colette Kessler adressait à ses amis chrétiens en 2005, pour leur souhaiter un joyeux Noël, elle écrivait : [1] Avec le Shamash, la bougie serviteur, qui symbolise cette petite fiole d’huile bien cachée dans le Temple et qui a duré huit jours, on se souvient de cette victoire des faibles sur les forts, de cette pérennité de la Tora de génération en génération, avec ou sans le second Temple …
Le miracle de Hanouka, c’est le miracle de la permanence juive au service de la Tora malgré la profanation ou la destruction du Temple, malgré la dispersion, malgré les persécutions.
Le Ness, le miracle, c’est cette coïncidence dans le temps et l’espace entre le don de Dieu, la Présence permanente de Dieu pour le salut des hommes, et l’homme qui s’éveille et répond à cette offre de Dieu.
[1] KESSLER Colette, Dieu caché, Dieu révélé, Essais sur le Judaïsme, Lethielleux, 2011, p. 53-54
*Dans cette bénédiction comme dans beaucoup d’autres, on remarque le passage de la deuxième personne : « sois loué» à la troisième : « qui nous a sanctifiés ». Si cette formule grammaticalement incorrecte a été maintenue, c’est que, pour le croyant, Dieu est à la fois proche (d’où le « tu ») et transcendant (d’où le « il )».