Le mariage

Mariage a la synagogue. Les maries sous le dais..

Dans le judaïsme, le mariage est considéré comme un commandement divin, un lien sacré comparable à l’union de Dieu avec son peuple (cf. Os 2, 21-22) ou du shabbat avec le peuple juif

(cf. le chant Lekha dodi).

Le mariage est plus qu’un contrat entre un homme et une femme. C’est une institution dont l’objet premier est la construction d’un foyer, d’une famille destinée à participer à la perpétuation du genre humain (cf. Gn 1, 28), avec l’idée que c’est dans le mariage que l’homme et la femme imitent le plus Dieu, en créant la vie et en rendant le temporel éternel par la succession des générations.

Historique

Aux temps bibliques, c’était aux pères de choisir une épouse pour leurs fils. En Gn 24, on voit Abraham charger son serviteur Eliezer d’aller chercher une femme pour Isaac. En Gn 38, 6, c’est Juda qui arrange le mariage de son premier-né. Une fois la proposition de mariage acceptée par le père de la jeune fille, on se mettait d’accord sur la somme d’argent que le mari devait verser pour « acquérir » sa femme.
A l’époque talmudique, le mariage évolue de façon significative.
Tout d’abord, on institue le contrat de mariage (ou ketouba, toujours en vigueur aujourd’hui), document juridique dans lequel sont stipulées les obligations du mari envers son épouse. La ketouba avait essentiellement pour but « qu’il ne soit pas aisé au mari de répudier sa femme » (TB Yebamot 89a).
Par ailleurs, le mariage devient une cérémonie religieuse publique, requérant la présence d’un quorum (ou minyan) et la récitation d’un certain nombre de bénédictions.

Le déroulement du mariage

Aux époques biblique et talmudique, le mariage était un processus en deux étapes qui pouvaient être séparées de plusieurs semaines, voire de plusieurs mois :

La première était la cérémonie des fiançailles, appelée qiddoushin ou erousin, qui donnait aux partenaires le statut de couple marié. En mettant un anneau au doigt de sa future épouse, le mari en puissance prononçait la formule : « Tu m’es consacrée par cet anneau, selon les lois de Moïse et d’Israël. »
Suivaient une bénédiction sur le vin puis la bénédiction suivante : « Sois loué, Éternel notre Dieu, Roi de l’univers, qui nous a sanctifiés par tes commandements et nous a ordonné la chasteté, qui a interdit les fiancés à autrui et nous a permis de nous unir par les liens du mariage. Sois loué, Seigneur, qui sanctifie Israël par le dais nuptial et le mariage. »

A la suite de la cérémonie, l’épouse continuait à résider chez son père jusqu’aux nissouïn.

La seconde étape appelée nissouïn, celle après laquelle l’épouse allait habiter chez son mari, était accompagnée de la récitation de sept bénédictions.
Le nombre sept est évidemment symbolique. Il rappelle les sept jours nécessaires à la création du monde et manifeste l’engagement des jeunes mariés à fonder leur foyer sur des bases solides à l’intérieur du peuple juif.

De nos jours

Les préparatifs                                                                                                                      

mikve ou ban rituel de purification

La mariée doit, selon la tradition, s’immerger dans un bain rituel (ou miqveh) avant le mariage.
En pays musulman, c’est une cérémonie importante que d’habiller la mariée et de lui teinter les mains de henné.
Quant au marié, la coutume veut qu’il soit invité à « monter à la Tora » pour en faire la lecture le shabbat qui précède son mariage.

mariage juif;Venis, 1780La cérémonie

Aujourd’hui, une seule cérémonie de mariage regroupe les deux étapes de cérémonie antique.
Après avoir signé la ketouba, le marié est conduit auprès de la mariée et il lui recouvre le visage de son voile.
Puis on conduit le couple jusque sous le dais nuptial.
Les jeunes époux sont accompagnés de leurs parents respectifs. Parfois, les personnes accompagnant le jeune couple tiennent des bougies allumées.
Une fois les mariés sous le dais, le rabbin récite la bénédiction sur le vin et la bénédiction des erousin. Le marié et la mariée boivent à la même coupe. Le marié récite ensuite la phrase appropriée (cf. plus haut) en passant un anneau au doigt de la mariée.
Pour indiquer que la célébration du mariage comporte deux cérémonies ayant chacune ses propres bénédictions, on lit alors la ketouba avant de procéder aux nissouïn.
On récite ensuite les sept bénédictions sur une deuxième coupe de vin. Pour conclure la cérémonie, le jeune marié brise un verre, en souvenir de la destruction du Temple.
Le Talmud considère comme l’accomplissement d’un commandement divin de réjouir les mariés en participant aux chants et aux danses.
Dans les communautés orthodoxes modernes et libérales, la cérémonie comporte aussi la lecture de poèmes. Chez les Ashkénazes, la musique klezmer est devenue classique.

Dans le Nouveau Testament

Les évangiles ne nous relatent pas les épousailles de Marie et Joseph, les parents de Jésus.
En revanche, Luc nous précise qu’au moment de l’Annonciation, Marie était accordée en mariage à Joseph, ce qui pourrait parfaitement correspondre à la célébration de qiddoushin, la première des cérémonies du mariage :
« Or, voici comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint ». (Mt 1, 18)

 

Le divorce

La Bible ne contient pas de législation systématique sur le divorce. Néanmoins, le livre du Deutéronome donne au mari (et à lui seul) le droit de divorcer, à condition d’établir par écrit un acte de divorce, le « ghet. » Le texte précise : « Lorsqu’un homme prend une femme et l’épouse, et qu’elle cesse de trouver grâce à ses yeux, parce qu’il découvre en elle une tare, il lui écrira une lettre de répudiation et la lui remettra en la renvoyant de sa maison » (Dt 24, 1).Le ghet’ est dressé par un scribe (sofer) et reprend une formulation en partie extraite de la Mishna.
Le document, écrit presque entièrement en araméen sur du parchemin, doit être légalisé et signé par deux témoins. Un rabbin supervise ensuite la procédure et remet à la femme un document attestant qu’elle est divorcée et peut se remarier.
Ce verset est diversement interprété par les Sages. Selon certains, la « tare » dont il est question est l’infidélité. Pour d’autres, le mari peut répudier sa femme « même si elle lui a déplu en brûlant le repas ». Rabbi Aqiba va encore plus loin et autorise le mari à exercer son droit de divorce « s’il en a trouvé une plus jolie » (Gittin 9, 10) !
Cependant, la littérature prophétique et les livres de sagesse réprouvent le divorce et on lit dans le Talmud : « L’autel verse des larmes pour l’homme qui répudie sa première femme » (Sanhedrin 22 a).

En théorie, l’homme est libre d’accorder ou non le divorce à sa femme. Au fil du temps, toutefois, les autorités rabbiniques ont été amenées à définir certaines circonstances dans lesquelles on peut le contraindre à le faire, entre autres si l’épouse est restée sans enfant au bout de dix ans de mariage, si le mari refuse d’entretenir sa femme ou de remplir son devoir conjugal ou encore s’il continue à la battre malgré l’injonction du tribunal… Aujourd’hui, en Israël où il n’existe pas de divorce civil, les tribunaux rabbiniques hésitent à user de coercition posant un grave problème pour la femme, lorsque le mari refuse de lui donner le divorce. (conf. le film « Le procès de Viviane Amsalen », 2014). En général, avant d’en appeler à ces tribunaux, les époux se préparant à divorcer rédigent un accord légal stipulant qui aura la garde des enfants et contenant des dispositions afférentes aux biens et un accord de soutien.

Aux termes d’un décret promulgué chez les Ashkénazes, le divorce ne peut pratiquement plus se faire que par consentement mutuel. Toutefois, malgré les modifications apportées aux dispositions halakhiques relatives au divorce, certains problèmes demeurent et, en l’absence de ghet’, certaines femmes ne peuvent se remarier selon la loi juive. On les appelle agounot (femmes « liées »).
Le judaïsme réformé a abandonné la pratique de l’acte de divorce et accepte le divorce civil comme suffisant en vue d’un remariage.

Dans le Nouveau Testament

Plusieurs fois, Jésus dans les évangiles, va être confronté  à la question de la répudiation d’une femme par son mari.
Jésus a une position très tranchée. les trois évangiles synoptiques affirment sa nette opposition à cette pratique,
par exemple :
 » Il a été dit également : Si quelqu’un renvoie sa femme, qu’il lui donne un acte de répudiation. Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui renvoie sa femme, sauf en cas d’union illégitime, la pousse à l’adultère ; et si quelqu’un épouse une femme renvoyée, il est adultère. » (Mt 5, 31-32 )
   « Les pharisiens lui répliquent : « Pourquoi donc Moïse a-t-il prescrit la remise d’un acte de divorce avant la répudiation ? » Jésus leur répond : « C’est en raison de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de renvoyer vos femmes. Mais au commencement, il n’en était pas ainsi. Or je vous le dis : si quelqu’un renvoie sa femme – sauf en cas d’union illégitime – et qu’il en épouse une autre, il est adultère.  » (Mt19, 7-9)