« Les enjeux du bien commun » par le père Christophe Lesourt
Suite aux attaques terroristes du Hamas le 7 octobre dernier, suivies d’importantes opérations militaires de Tsahal à Gaza, nous assistons à un basculement sémantique, lequel a connu un phénomène d’accélération et d’amplification lors de la campagne électorale des européennes. En effet, d’aucuns, en raison de leur agenda politique, avec la perspective d’un évident racolage électoral, veulent détourner les mots de leur signification initiale de telle façon que la spécificité de la Shoah soit niée et que les Juifs deviennent coupables de crimes renvoyant à une inhumanité supposée.
Médusés, nous entendons les mots «génocide» et «extermination» martelés, assenés, scandés par certains leaders politiques, puis très largement relayés sur les réseaux sociaux, en particulier par le club des «courageux anonymes». Or, les mots ont un sens et, en cette occurrence, un sens juridique précis.
En effet, comme l’avait expliqué Edgar Faure, le procureur général adjoint de la France au tribunal international de Nuremberg, le régime nazi du III Reich avait mis en place «un véritable service public criminel» qui organisait ses massacres de masse «selon les méthodes administratives par lesquelles les autres États se soucient d’assurer leurs fonctions régulières». De la sorte, le mot génocide recouvre une terrifiante réalité que le futur président du Conseil définissait ainsi, dès 1947, «un État a décidé et annoncé, sous l’autorité de son responsable suprême, qu’un certain groupe humain devait être exterminé, autant que possible dans sa totalité, les vieux, les femmes et les nourrissons inclus, décision que cet État a ensuite appliquée avec tous les moyens qui étaient à disposition».
Edgar Faure, pour souligner la spécificité de la Shoah, précisera «qu’à différentes époques on a vu des répressions sanglantes dirigées contre des «adversaires». On a vu également des violences gratuites commises par des soudards et des brutes agissant dans le désordre de leurs instincts. Mais jamais on n’avait vu ou pu voir la préparation scientifique d’un massacre absolument inutile et immotivé». La seule motivation étant l’inextinguible haine des Juifs.
S’agissant de cette haine, la montée vertigineuse actuelle des actes antisémites doit tous nous alarmer. Comment, en particulier, ne pas être atterré et révolté par le viol d’une enfant de 12 ans, puis, quelques jours après, par les agressions physiques de six jeunes adolescents. Une agressivité tellement décomplexée que les sociologues parlent d’un «antisémitisme d’atmosphère».
Or, si pour le mot atmosphère nous prenons la définition «un milieu dans lequel se déroule les phénomènes météorologiques» nous ne pouvons que constater collectivement que la «météo» n’est pas bonne.
Dans un tel contexte, il convient de revenir à nos fondamentaux, en rappelant notre proximité avec nos «pères dans la foi» en raison même du lien spirituel qui nous unit. Par ailleurs, n’oublions jamais que lutter contre l’antisémitisme, c’est aussi servir le bien commun car c’est se prononcer sur ce qui confère à la personne sa dignité d’être humain.
Au seuil de la période estivale toute l’équipe du SNRJ vous souhaite un bel été et vous assure de son amitié.
Père Christophe Le Sourt