Les sources juives de la messe : 3 – un « sacrifice »

La liturgie eucharistique : une liturgie « sacrificielle ».

Aujourd’hui le terme Eucharistie signifie : Action de grâce : nous rendons grâce pour de Don de la Vie de Jésus qui nous rejoint dans cette Présence réelle dans l’hostie que nous mangeons.

Elle s’inspire de la liturgie de Moïse scellant l’Alliance du Sinaï,  Exode 24, 4-8
Et de la liturgie de la Pâque juive : le repas de Pessah, Exode 12

Elle s’inspire de la liturgie de Moïse scellant l’Alliance du Sinaï, Exode 24

Nous avions laissé les enfants d’Israël au pied du Sinaï, 12 tribus d’Hébreux qui ne sont pas encore constitués en peuple, et que Dieu va inviter à devenir son peuple, avec un code de vie en société qui fasse place à chaque être : enfant, homme, femme, vieillard, malade, étranger….

En Exode 20, Moïse va transmettre La Parole de Dieu : les dix Paroles, appelés les dix Commandements : une base minimale pour un « vivre ensemble » en société !

Puis dans les chapitres suivant ; il y a une explicitation des dix paroles avec
– Des règles pour la construction de l’autel (Exode 20, 24-26)
– Des règles relatives à la liberté et la vie (Exode 21)
– Des règles relatives à la propriété et aux mœurs (Exode 22)
– Des lois morales et des prescriptions liturgiques (Exode 23)

C’est alors qu’après toutes ces précisions sur la conduite de la société, pour qu’elle soit à l’Image de Dieu, juste et miséricordieux, en connaissance de cause, le mariage va pouvoir être célébré.

Exode 24 = la célébration de l’Alliance
1 Le Seigneur avait dit à Moïse : « Monte vers le Seigneur et prends avec toi Aaron, ses deux fils Nadab et Abihou, et soixante-dix des anciens d’Israël. Vous vous prosternerez à distance. Moïse, seul, s’approchera du Seigneur. Les autres ne s’approcheront pas et le peuple ne montera pas avec lui. »

 Moïse est le Serviteur choisi pour porter la parole au peuple et transmettre l’offre de Dieu

Ainsi, dans l’Église Catholique, certains sont choisis pour conduire la liturgie « sacrificielle » : les prêtres ordonnés au ministère sacerdotal.
Jean 15,16: « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure…   »

 Ex24,3 : «  Moïse vint rapporter au peuple toutes les paroles du Seigneur et toutes ses ordonnances. Tout le peuple répondit d’une seule voix : « Toutes ces paroles que le Seigneur a dites, nous les mettrons en pratique. » »
Le contrat de mariage a été développé durant quatre chapitres, chacun est conscient de l’engagement pris, et le peuple dit oui !

Lors de l’Eucharistie
Le Credo des fidèles et des célébrants est cet acquiescement du peuple au pied du Sinaï.
L’Épouse du Christ,  dit oui à son Seigneur : elle croit en LUI.
OUI, nous croyons et nous nous engageons à la suite du Christ comme au jour de notre baptême.

Et la prière universelle des fidèles inscrit cette Eucharistie d’une petite communauté dans l’Église de toutes les nations, au service de l’humanité.

Alors la cérémonie peut commencer : une vraie liturgie « sacrificielle », fondement de toute la liturgie juive ou chrétienne depuis ! (même s’il n’y a plus d’immolation sanglante !)

Le temps des offrandes choisies parmi ce que le peuple a de meilleur !

Lors de la Pâque en Égypte le peuple apporte un agneau :Exode 12, 3 :Parlez ainsi à toute la communauté d’Israël : le dix de ce mois, que l’on prenne un agneau par famille, un agneau par maison…     (texte lu à la vigile pascale)

Au Sinaï : le peuple apporte ce qu’il a avec tout un cérémonial !
(Exode 24, 4-8)) 4 Moïse écrivit toutes les paroles du Seigneur. Il se leva de bon matin et il bâtit un autel au pied de la montagne, et il dressa douze pierres pour les douze tribus d’Israël.

– Un autel : construit avec des règles (cf les lois) et ne servant qu’à cela !
5 Puis il chargea quelques jeunes garçons parmi les fils d’Israël d’offrir des holocaustes, et d’immoler au Seigneur des taureaux en sacrifice de paix.

Le rite sacrificiel comporte des offrandes et chacun a son rôle à jouer.
– Le peuple apporte de son bien pour offrir au Seigneur : dans le désert ils n’ont que les bêtes de leurs troupeaux (à l’époque c’était la manière d’honorer les dieux).
– Certains jeunes sont chargés de l’immolation
– Moïse lui, assurera :
le rite de l’aspersion de l’autel : offrande à Dieu
6 Moïse prit la moitié du sang et le mit dans des coupes ; puis il aspergea l’autel avec le reste du sang.
la réception du OUI du peuple
7 Il prit le livre de l’Alliance et en fit la lecture au peuple. Celui-ci répondit : « Tout ce que le Seigneur a dit, nous le mettrons en pratique, nous y obéirons. »

    l’aspersion du peuple qui signe l’Alliance
8 Moïse prit le sang, en aspergea le peuple, et dit : « Voici le sang de l’Alliance que, sur la base de toutes ces paroles, le Seigneur a conclue avec vous. »

Ce récit peut paraître anachronique, et ancestral, c’est le seul passage, dans toutes les Écritures, où il est question du sang de l’Alliance. Il éclaire notre liturgie chrétienne de l’Eucharistie que nous célébrons avec les paroles mêmes de Jésus :
Matthieu 26,27-28 « Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, en disant : « Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude en rémission des péchés. »                                                                      

C’est bien le mémorial de la Croix que nous rappelons ! Jésus a livré sa vie pour nous :Jean 10,18 : « Ma vie nul ne la prend, mais c’est Moi qui la donne. »

N’oublions pas les affirmations du prophète Osée : la prière a valeur de sacrifice, encore aujourd’hui.
Osée 14,2-3 : « Revenez au Seigneur en lui présentant ces paroles : « Enlève toutes les fautes, et accepte ce qui est bon. Au lieu de taureaux, nous t’offrons en sacrifice les paroles de nos lèvres. »  »

Ainsi faire mémoire des sacrifices actualise le sacrifice : il en est de même pour le saint sacrifice de la Messe : actualisation de la Passion et de la résurrection de Jésus, le Christ !

A la messe : chacun a son rôle

  • les offrandes pour les fidèles :
    Longtemps ces offrandes étaient en nature, encore aujourd’hui en Afrique la procession des offrandes est majeure : on apporte tout ce dont ont besoin les prêtres pour vivre et assurer les œuvres de charité : que ce soit des chèvres, des fruits, de l’huile ou des boites de sauce tomates… ou même des tôles pour le toit de l’Église !
    En France ce sont des billets et des pièces…. La quête c’est la participation active au sacrifice de l’autel. Ces offrandes sont offertes au Seigneur puis remisées à la sacristie.

– Les juifs qui ne manient pas l’argent durant le shabbat déposent leurs dons dans un tronc avant shabbat !

  • Le prêtre lui prépare le pain et le vin qui serviront au sacrifice à l’autel :

Il prononce une bénédiction très proche de celle que tout juif prononce sur le vin et le pain :
Béni sois-Tu, Éternel notre Dieu, Toi qui fait mûrir le fruit de la vigne
Béni sois-Tu, Éternel notre Dieu Toi qui fait sortir le pain de la terre
Cette Bénédiction Jésus l’a apprise de son père, et il l’a prononcée certainement à chaque repas de fête ou de shabbat : cette fête de famille, à la maison, où tout est louange adressée à Dieu. On ne parle pas des choses qui fâchent à Shabbat!

Cette Bénédiction dont les disciples avaient l‘habitude est passée dans la liturgie, tout naturellement, lors de leur rencontre le soir du shabbat pour la fraction du pain.
Le prêtre dira :
Tu es béni, Dieu de l’univers, Toi qui nous donne ce pain, fruit de la terre et du travail des hommes ; nous te le présentons il deviendra le pain de la vie.
Tu es béni, Dieu de l’univers, Toi qui nous donne ce vin, fruit de la vigne et du travail des hommes ; nous te le présentons il deviendra le vin du Royaume.
Chaque fois les fidèles répondent  Béni soit Dieu maintenant et toujours.

  • Le lavement des mains (le lavabo en latin !)
    C’est ce geste que fait le prêtre en versant de l’eau sur ses mains, il prie alors à voix basse : Humbles et pauvres nous te supplions ; Seigneur, accueille-nous : que notre sacrifice en ce jour trouve grâce devant toi. Lave-moi de mes fautes, Seigneur purifie moi de mon péché.
    Ce geste était autrefois un geste très utilitaire de propreté, car les offrandes en nature étant déposées dans les mains du prêtre … il avait besoin de se les laver.

Mais, chez les juifs, avant un repas de fête, le commandement est de se laver les mains, c’est d’ailleurs un point de controverse entre Jésus et ses adversaires !
Aujourd’hui le commandement de Netilat yadaïm, est très précis : il se fait sur des mains propres, lavées avant, avant chaque repas de shabbat ou de fête.
En prenant un boc de la main gauche on verse de l’eau sur la main droite, puis de la main droite sur la main gauche.
Pourquoi cet ordre méticuleux ? Parce que la gauche de Dieu, c’est le trône de la rigueur, de la justice…. Alors que la droite de Dieu est le trône de la miséricorde. Après avoir fait justice pour les fautes dévoilées, la miséricorde recouvre la justice.

Le temps sacrificiel : de l’immolation de l’agneau

Le temps sacrificiel : de l’immolation de l’agneau


C’est la partie vraiment sacrificielle de la messe : toute la prière est adressée au Père

  • La Préface
    La Préface est une parole prononcée à haute voix, pour introduire le cœur de la liturgie et préciser cette adresse au Père :  Vraiment, il est juste et bon de te rendre gloire, de t‘offrir notre action de grâce, toujours et en tout lieu, à Toi, Père très saint, Dieu éternel et Tout Puissant.

Elle se termine par l’acclamation du Sanctus, venant tout droit du livre d’Isaïe le jour où, dans le Temple, La Gloire de Dieu le saisit : Isaïe 6,2-3 :Des séraphins se tenaient au-dessus de lui. Ils avaient chacun six ailes : deux pour se couvrir le visage, deux pour se couvrir les pieds, et deux pour voler. Ils se criaient l’un à l’autre : « Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur Sabaoth ! Toute la terre est remplie de sa gloire. »
Sanctus, sanctus, Dominus Deus Tsebaoth : c’est le Dieu de l’univers, le Dieu des armées (les armées du ciel !).
Ps 23 (24), 10 : « Qui donc est ce roi de gloire ? C’est le Seigneur, Dieu de l’univers ; c’est lui, le roi de gloire. »
Cette acclamation  est reprise dans la « Amida »,  prière dite debout, trois fois par jour par les juifs !

A la fin du Sanctus les fidèles reprennent  l’acclamation messianique du psaume 117- (118), 25 :  Hosanna au plus haut des cieux. Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur .
Ce cri de Hosanna, Seigneur sauve-nous, s’il te plait, est l’acclamation chantée trois heures durant lors du dernier jour de Soukkot, de la fête des Tentes, une fête messianique pour appeler la venue du Messie, certains qu’il va venir, attends le !

Pour nous Jésus est le Messie donc nous l’acclamons comme tel.

Fiche technique :La messe – plan – 3