Les sources juives de la messe : 2- la Parole

La liturgie de la Parole : un héritage de la liturgie juive de la synagogue.

Chaque shabbat, la communauté juive se réunit pour chanter des psaumes, des prières de supplication et de bénédiction, et surtout proclamer La Parole de Dieu : La Torah, les cinq livres de Moïse, le Pentateuque, dont la lecture entière est répartie sur les 52 semaines de l’année.

Après cette lecture solennelle, est lu un passage des prophètes en rapport avec la péricope, la sidra ou paracha, de la semaine.

Puis vient la dracha, le commentaire du passage écouté, par un membre de l’assemblée, ou le garçon de 12 ans qui célèbre sa Bar Mitsva, son engagement à pratiquer les commandements de la Torah, ou le rabbin e la communauté.

Ce rituel est plurimillénaire, il existait déjà au temps de Jésus. A l’heure  des sacrifices au Temple où les juifs de Jérusalem montaient prier au Temple, les juifs du pays se réunissaient, à la synagogue de leur village, pour célébrer le shabbat.

C’est ainsi que Jésus, à la synagogue de Nazareth est appelé à proclamer la parole du prophète Isaïe et à en faire le commentaire.
Luc 4, 16-17: « Jésus vint à Nazareth, où il avait été élevé. Selon son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture.  On lui remit le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit …

On retrouve la  même invitation à Paul, lorsqu’il va à la synagogue pour prier le jour de Shabbat :
Actes 13, 14-16 : « Quant à eux, (Paul et ses compagnons), ils poursuivirent leur voyage au-delà de Pergé et arrivèrent à Antioche de Pisidie. Le jour du sabbat, ils entrèrent à la synagogue et prirent place.  Après la lecture de la Loi et des Prophètes, les chefs de la synagogue leur envoyèrent dire : « Frères, si vous avez une parole d’exhortation pour le peuple, parlez. »  Paul se leva, fit un signe de la main et dit : « Israélites, et vous aussi qui craignez Dieu…  »   »

Ainsi, dès la première Église, les chrétiens ont gardé l’habitude de lire Les Écritures.

Trois lectures et un psaume sont proposés pour ce temps de la liturgie de la Parole : le choix de ces trois lectures, prises dans les deux Testaments, met en évidence la continuité de la Révélation.
« La Parole de Dieu, en sa totalité, résonne comme une symphonie spirituelle, dans laquelle chaque harmonique est nécessaire pour mieux faire percevoir la beauté et la signification de l’ensemble »[1]

Ces lectures sont fixées sur un cycle de trois ans : elles se répondent et s’éclairent.
L’Évangile, comme Parole de DIEU faite chair qui parle à son Église, est lu en continu, chaque dimanche, selon un cycle de trois ans : A = Saint Matthieu, B = Saint Marc, C = Saint Luc.
Saint Jean est lu pendant certains temps liturgiques particuliers.

  • La première lecture est tirée de la Bible juive, ou Premier Testament. Elle est choisie en fonction du thème traité dans l’Évangile.
  • La deuxième lecture est un extrait des écrits apostoliques du Nouveau testament (Actes des Apôtres, épîtres de Paul ou des autres apôtres, Apocalypse)
  • Le Psaume : la liturgie d’Israël, fait un lien profond entre ces trois lectures, les mots jaillissent comme dans un miroir, même s’il est réduit, à la messe, à seulement quelques versets ! A lire et chanter en entier dans le temps de préparation avant le dimanche, à relire, redire, à mettre sur notre cœur : tout est dans les psaumes !
    « Les Psaumes nous accordent au chant de Dieu en nos cœurs » dit encore J-M Lustiger.[2]

L’homélie du prêtre, fait rendre actuelle et accessible à l’assemblée La Parole du Christ qu’il vient de proclamer. Ce n’est ni une étude, ni un témoignage, mais une lumière qui éclaire les textes.
Ainsi, par cette liturgie de la Parole, Dieu prépare ses enfants au don de la grâce et les fait entrer dans l’histoire du salut, qui va se renouveler dans la liturgie sacrificielle eucharistique.

Le Credo des fidèles et des célébrants est cet acquiescement du peuple au pied du Sinaï, OUI, nous croyons et nous nous engageons à la suite du Christ comme au jour de notre baptême.

La prière universelle des fidèles inscrit cette Eucharistie d’une petite communauté dans l’Église de toutes les nations, au service de toute l’humanité.

[1] Cardinal Jean-Marie LUSTIGER, La Messe, Bayard >Edition 1988, p.92
[2] Ibd p.99

 

Fiche technique :La messe – 2