Le tétragramme, YHWH
ORIGINE
Ce que l’on appelle le Tétragramme, c’est-à-dire les 4 consonnes YHWH, apparait en Ex 3,15.
Moïse dans le désert voit un buisson brûler sans se consumer ; il s’en approche et entend Dieu lui parler pour l’envoyer chez Pharaon et lui demander de libérer le peuple des Hébreux. A la question de Moïse : « s’ils me demandent quel est son nom, que leur répondrai-je ?» (Ex3,14), le Seigneur propose la définition suivante : « Je suis celui qui est » ou « je suis qui je serai » (futur permanent). Comme l’explique P Haddad, « le JE qui s’exprime dans un futur sans cesse renouvelé implique le passé, le présent et l’avenir » : c’est donc une définition d’un Dieu qui habite intégralement le temps.
Le Seigneur poursuit la révélation de son nom dans le verset suivant : « tu parleras ainsi aux fils d’Israël : LE SEIGNEUR [YHWH], Dieu de vos pères, Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob m’a envoyé vers vous. C’est là mon nom à jamais, c’est ainsi que l’on m’invoquera d’âge en âge ».
Dieu se nomme lui-même, ce n’est pas l’homme qui crée, ni son Dieu, ni son nom.
SIGNIFICATION DU TÉTRAGRAMME
Ces 4 lettres, YHWH, ne sont pas assorties de voyelles et sont donc imprononçables. Ainsi, le Nom garde-t-il le secret de sa signification, son mystère.
Il est admis que le Tétragramme dérive du verbe hébreu qui signifie « être » avec les marques de conjugaison du passé et du futur (inaccompli pour être plus exact) et qu’il puisse donc signifier : « Celui qui était, qui est et qui sera ».
Ce Nom est par essence imprononçable, ineffable car il se réfère à l’essence divine mystérieuse de Dieu, à sa transcendance. Le respect de cette transcendance divine interdit aux Juifs de prononcer ce tétragramme : lors de la lecture des textes il est remplacé par « Adonaï », « le Saint, béni soit-il », « le Nom » « le Lieu »….
L’inaccessibilité de Dieu commence par l’interdiction de prononcer Son nom (P Haddad)
EMPLOI DU TÉTRAGRAMME
La Bible relate toute la relation d’amour de Dieu pour son peuple ; or qui dit amour dit aussi pardon et c’est par ces 4 lettres, le Tétragramme, qu’est appelé Dieu lorsqu’Il se manifeste comme Celui qui désire que la vie continue en dépit des infidélités des hommes : la tradition juive y voit l’attribut de miséricorde de Dieu. (par opposition à l’attribut de rigueur et justice associé à Elohim : cf Les Noms de Dieu)
On peut relever 6823 occurrences de ce Tétragramme dans la Bible .
Traditionnellement, le secret de la prononciation du Nom était transmis de Grand-Prêtre en Grand-Prêtre. Le jour du grand pardon, Yom Kippour, le Grand Prêtre entrait dans le Temple de Jérusalem et implorait le pardon divin pour lui et pour le peuple, en prononçant par trois fois et à haute voix le Nom ineffable et en invoquant l’amour et la miséricorde du Dieu Créateur pour toutes ses créatures.
DANS LA TRADITION CHRÉTIENNE
La tradition hébraïque de remplacer le Tétragramme par « Adonaï » a été reprise par les Chrétiens, si bien que les 4 consonnes ont longtemps été prononcées avec les voyelles « a » (réduit), « o » et « a » et le Tétragramme est devenu Jehovah, puis Yahvé un peu plus tard chez les protestants.
Depuis 2008, l’Église « par respect pour le Nom de Dieu, pour le peuple juif, pour la tradition de l’Église et pour des raisons philologiques » demande à ce que « Yahvé » ne figure plus dans les textes liturgiques et ne soit plus prononcé ainsi mais remplacé par « LE SEIGNEUR ».
Par ces 4 lettres, LE SEIGNEUR, le Dieu de l’Alliance, se révèle à l’homme, dans une histoire unique et personnelle où l’amour et la miséricorde ne se tarissent pas.