Pur et impur

Pureté et impureté sont des notions propres au judaïsme.  Ce sont des notions clés de la sainteté exigée par Dieu (Lv 11, 45 ; Lv 19,1..) « soyez saints car je suis saint, moi le Seigneur, votre Dieu ».
L’exigence de pureté est, de fait, un préalable à la sainteté.

De nombreuses règles, notamment alimentaires, permettent au juif de se maintenir en état de pureté rituelle pour entrer en relation avec le Dieu Saint. Le Livre du Lévitique détaille abondamment les prescriptions relatives à la nourriture, la sexualité, la sépulture, etc. A ces règles s’ajoutent de nombreux rites de purification : lavages et sacrifices divers.

Cependant, pour qu’un certain légalisme ne l’emporte pas dans les esprits, les prophètes ne cessent de rappeler vigoureusement que la véritable pureté est celle du cœur : « Cessez de m’apporter des offrandes inutiles, leur fumée m’est en horreur (…) Cessez de faire le mal (…) Secourez l’opprimé, soyez justes avec l’orphelin, plaidez pour la veuve » (Is 1, 11-17).

Ou encore : Quand vous me présentez des holocaustes et des offrandes, je ne les accueille pas ; vos sacrifices de bêtes grasses, je ne les regarde même pas. Eloignez de moi le tapage de vos cantiques ; que je n’entende pas la musique de vos harpes. Mais que le droit jaillisse comme une source ; la justice comme un torrent qui ne tarit jamais (Amos 5, 22-24).

La pureté passe par la vigilance à l’égard de ses pulsions, de ses désirs, de ses pensées . C’est l’objet de la prière du roi David : « Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu » (Ps 51, 12).
Dans le Talmud on trouve également le lien qui relie la pureté au développement moral de l’homme : « La pureté est l’une des étapes sur le chemin de l’esprit de sainteté » (AZ20b) .

Pureté et impureté relèvent du domaine rituel et non moral.

La source de la pureté est la vie elle-même. La source de l’impureté est la mort. De ce fait, sont considérées impures :
– les personnes qui ont été en contact avec un cadavre (Lv 11,24…Lv11, 37…)
– les femmes pendant la période menstruelle  (Lv15) et les hommes ayant un écoulement séminal involontaire, car il y a perte de vie potentielle (Lv15..)
– les personnes atteintes de lèpre ou autre maladie de peau. (Lv 13…)
– les personnes se livrant à la pratique de certains comportements sexuels (Lv18..)

Tout contact avec le sang, symbole de la vie donnée par Dieu , rend impur. (Lv17,11..)

Pour les personnes impures, s’imposent alors des rites de purification, parmi lesquels l’immersion dans un bain rituel (miqvé), l’incinération, la mise en quarantaine.

L’insistance du judaïsme sur les règles relatives à la pureté et l’impureté, même si dès l’époque des tannaïm certaines lois furent suspendues, témoigne de l’importance primordiale donnée à la vie.

Pur et impur dans le Nouveau Testament

Jésus reprend encore plus catégoriquement le langage des prophètes d’Israël, n’hésitant pas à transgresser les interdits rituels : il touche et guérit un lépreux : Jésus accompagne ces guérisons d’une injonction à accomplir les rites de purification prescrits par la loi, qui permettront de réintégrer la communauté.

Il touche et ressuscite des morts, il mange à la table d’un publicain, considéré comme un pécheur public, afin de bien faire comprendre que ce qui souille l’homme vient du cœur : c’est le péché, la convoitise : Malheureux êtes-vous scribes et pharisiens hypocrites[1], qui avez négligé ce qui est le plus important dans la Loi : la justice, la miséricorde et la fidélité. Voilà ce qu’il fallait pratiquer sans négliger le reste. Guides aveugles, vous filtrez le moucheron et vous avalez le chameau !  (Mt 23, 23-24).

Dans le même esprit que les prophètes, Jésus parle de la question de la pureté en se référant aussi aux lois alimentaires (Mc 7, 14-23) : « il n’y a rien d’extérieur à l’homme qui puisse le rendre impur en pénétrant en lui [..] ce qui sort de l’homme c’est cela qui rend l’homme impur. En effet, c’est de l’intérieur, c’est du cœur des hommes que sortent les intentions mauvaises.[.] tout ce mal sort de l’intérieur et rend l’homme impur ».

 

[1] Contrairement à une idée répandue, Jésus ne s’en prenait pas particulièrement aux Pharisiens. Sans doute était-il plus sévère avec eux, précisément parce qu’il les savait plus soucieux que d’autres d’observer la Torah.