Commentaire du psaume 70 (71)

Dimanche 30 janvier 2022 4ème du Temps Ordinaire

Psaume (Ps 70 (71), 1-2, 3, 5-6ab, 15ab.17)

En toi, Seigneur, j’ai mon refuge :
garde-moi d’être humilié pour toujours.
Dans ta justice, défends-moi, libère-moi,
tends l’oreille vers moi, et sauve-moi.

Sois le rocher qui m’accueille,
toujours
accessible ;
tu as résolu de me sauver :
ma forteresse et mon roc, c’est toi !

Seigneur mon Dieu, tu es mon espérance,
mon appui dès ma jeunesse.
Toi, mon soutien dès avant ma naissance,
tu
m’as choisi dès le ventre de ma mère.

Ma bouche annonce tout le jour
tes actes de justice et de
salut.
Mon Dieu, tu m’as instruit dès ma jeunesse,
jusqu’à présent, j’ai proclamé tes merveilles.

Ce psaume est le cri de détresse d’un homme affaibli par la vieillesse et poursuivi par ses ennemis.
Ne me rejette pas maintenant que j’ai vieilli, alors que décline ma vigueur… dit-il, au verset 9.
Ce pourrait être la voix de Jérémie, emmené de force en Égypte et voyant Jérusalem détruite, sous la coupe des Chaldéens, le Temple saccagé, profané, et les objets du culte volés, emportés à Babylone. Il rappelle alors la fidélité de Dieu, il est sûr de son amour, son appui dès sa jeunesse. C’est le cri de tout homme envahi par la douleur devant ses ennemis, jusque dans ses derniers jours. Cri d’une personne, il devient celui de la communauté dans la liturgie.
01 En toi, Seigneur, j’ai mon refuge : garde-moi d’être humilié pour toujours.
Le vocabulaire est riche pour exprimer la confiance et l’abandon à son Seigneur qu’il aime ! André Chouraqui traduit ainsi le premier verset : En toi, blotti, Adonaï, je ne serai jamais flétri dans l’éternité ! Même si à cette époque on ne sait guère où mène le shéol, (les enfers, à ne pas confondre avec l’Enfer), ce lieu où séjournent les morts, l’espérance d’être avec Adonaï pour l’éternité, en son union d’amour, dit Chouraqui, perce dans cette supplique.
02 Dans ta justice, défends-moi, libère-moi, tends l’oreille vers moi, et sauve-moi.
Dans ta justice, non pas la mienne ! Tu es un Dieu de justice, j’en ai fait l’expérience. Ce rappel d’avoir été libéré, protégé, défendu, permet au psalmiste de reprendre courage. Dieu est un Dieu qui ne change pas : IL EST, justice et miséricorde, le libérateur de son peuple.
03 Sois le rocher qui m’accueille, toujours accessible ; tu as résolu de me sauver : ma forteresse et mon roc, c’est toi !
Ce refrain parcourt toute la bible depuis Moïse : Il est le Rocher : son œuvre est parfaite ; tous ses chemins ne sont que justice. Dieu de vérité, non pas de perfidie, il est juste, il est droit (Dt 32,4)
04 Mon Dieu, libère-moi des mains de l’impie, des prises du fourbe et du violent.
Le psalmiste s’adresse bien à Celui qui s’est présenté au peuple d‘Israël comme le libérateur : « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage. » Ex 20, 2
05 Seigneur mon Dieu, tu es mon espérance, mon appui dès ma jeunesse. 06 Toi, mon soutien dès avant ma naissance, tu m’as choisi dès le ventre de ma mère
On retrouve cette découverte émerveillée de Jérémie et cette certitude du psalmiste d’avoir été choisi par Dieu depuis toujours. Quelles que soient les expériences d’enfance ou de vie, cette certitude que Dieu nous a désirés, dès notre conception, pour être dans le creux de sa main, permet d’affronter les angoisses de la vie et les agressions de nos adversaires. Il est toujours là, présent et veille sur nous. L’amandier fleurit en son temps. Le cantique se poursuit en louange pour le prodige que je fus (v7), et en émerveillement devant le secours que Dieu lui a apporté lors des attaques de ses ennemis. Oui, Dieu est toujours venu à son secours ! Et moi qui ne cesse d’espérer, j’ajoute encore à ta louange. ( v.14)
15 Ma bouche annonce tout le jour tes actes de justice et de salut ; (je n’en connais pas le nombre). 16 Je revivrai les exploits du Seigneur en rappelant que ta justice est la seule.
Au soir de sa vie, l’homme se souvient de tous ces moments où Dieu est venu le défendre et lui faire justice face aux hommes, cette justice qui est miséricorde et tendresse.
17 Mon Dieu, tu m’as instruit dès ma jeunesse, jusqu’à présent, j’ai proclamé tes merveilles.
C’est dans le rappel de ces bienfaits que l’homme peut continuer à dire à Dieu, merci pour la « belle vie que Dieu m’a donnée », comme me l’a dit ma mère, au matin de ses 90 ans, elle qui avait fait face à tant de deuils et de lourdes épreuves, et qu’elle allait vers sa fin !
Moi aussi, je veux louer, sur la cithare, ta vérité, Elohaï, pour te chanter sur mon luth, saint d’Israël.
Mes lèvres crient, car je chante, et mon âme que tu rachètes.
Ma langue même toujours murmure ta justice ; car ils seront honnis, car ils rougiront, les guetteurs de ma ruine. (versets v 22 à 24, traduction de A. Chouraqui) 
 

Commentaire Yvonne Schneider-Maunoury