Les relations avec le monde juif
concernent notre propre identité.
Le dialogue entre juifs et catholiques a pris une importance croissante depuis le concile Vatican II, achevé en 1965.
L’Église a rappelé son lien spirituel avec la descendance d’Abraham : « Scrutant le mystère de l’Église, le saint Concile rappelle le lien qui relie spirituellement le peuple du Nouveau Testament à la lignée d’Abraham [1] ».
Ce document représente un tournant après l’hostilité fréquente, qui a prévalu pendant des siècles, entre juifs et chrétiens. Au départ, l’Église naissante était un courant messianique au sein du monde juif. Les désaccords théologiques étaient alors une division à l’intérieur de la même religion, ce qui signifie que les premiers « chrétiens » étaient à la fois juifs et chrétiens. Puis, l’Église a rapidement accueilli beaucoup de grecs et de romains. Et en quelques siècles, les désaccords à l’intérieur de la foi juive se sont transformés en opposition entre deux groupes de plus en plus éloignés.
Le théologien Fadiey LOVSKY a bien résumé cela en évoquant le fait que les premiers chrétiens venant du monde gréco-romain ont d’abord dit : « Israël c’est nous aussi » puis « Israël c’est nous », puis « Israël ce n’est que nous ». Dit autrement, au point de départ les grecs et romains devenus chrétiens avaient conscience d’être greffés sur le peuple d’Israël par le biais des apôtres en particulier.
Et peu à peu cette perception s’est transformée, au point de finalement considérer l’Église comme un peuple de remplacement. Ce qui est en contradiction avec saint Paul, qui parle des grecs et des romains comme de branches sauvages, greffées sur le peuple d’Israël (Rm 11). Oublier cela, c’est prendre le risque d’avoir un arbre coupé de ses racines et donc en danger :
«Sans l’Ancien Testament, le Nouveau Testament serait un livre indéchiffrable, une plante privée de ses racines et destinée à se dessécher »[2]
Les premiers chrétiens avaient probablement une conscience plus forte de la nouveauté apportée par le Christ, mais aussi de la continuité et donc de la cohérence de l’histoire sainte. À nous aujourd’hui de continuer à approfondir cette cohérence !
C’est bien à cela que saint Jean-Paul II nous a encouragé. Il a notamment rappelé que le lien qui unit l’Église au peuple juif est à l’image de la relation entre l’Ancien et le Nouveau Testament :
« Et de même que les deux parties de la Bible sont distinctes mais étroitement liées, de même le peuple juif et l’Église catholique[3]. » (Audience du 22 mars 1984)
Sa visite de la grande synagogue de Rome le 13 avril 1986 a été un signe très visible d’un nouvel esprit de fraternité. Sa phrase : « Vous êtes nos frères préférés et, d’une certaine manière, on pourrait dire nos frères aînés. » est restée emblématique.
Pour les premiers chrétiens, Jésus n’était pas le fondateur d’une nouvelle religion, mais le Messie qui accomplit les promesses faites d’abord à Israël.
Comment peut- on parler de Jésus comme Messie sans connaître ces promesses messianiques ?
[1] Second concile du Vatican , Nostra Aetate 4
[2] Commission biblique pontificale, Le peuple juif et ses saintes Écritures dans la Bible chrétienne, p.10
[3] Jean-Paul II, Documentation Catholique, mai 1984, n° 1874, p. 509.