Jacques Maritain (1882-1973)

Jacques Maritain (1882-1973)

Converti au catholicisme (1906) en même temps que sa femme Raïssa et sa belle-sœur qui étaient d’origine juive, Jacques Maritain était l’un des penseurs les plus en vue de son temps.

Jacques Maritain 1882-1973

Son œuvre immense émane tantôt de son activité de professeur de philosophie, tantôt de son attention très concrète à la vie de l’Église et de la société. Rallié à saint Thomas d’Aquin à cause de sa «suprême docilité aux leçons du réel» et parce qu’il découvrait en lui «les principes de l’échelle des valeurs» capables de sauver l’effort même de la pensée, Jacques Maritain s’est voulu le témoin de l’intelligence de la foi.

Sa propre philosophie peut se résumer dans «un affrontement de l’acte d’exister par une intelligence décidée à ne jamais renoncer.» Jacques Maritain, s’il était dur pour les doctrines, était doux pour les êtres.
Il avait non seulement le sens de la communication avec les hommes mais, par-delà l’esprit polémique, il savait mesurer l’apport réel des doctrines.
Il ajoutait que l’homme ne peut pas s’achever dans le monde: pour trouver son sens, il lui faut respirer «au-dessus du temps».
Enfin, il pensait que la foi pouvait toujours et devait «protéger et vivifier les choses humaines», libérer par lente imprégnation «toute la vérité du profane et de l’humain».

Dès les années 1930, Jacques Maritain s’engagea très fortement et courageusement contre l’antisémitisme.
On se souvient tout particulièrement de ses conférences qui eurent un très grand retentissement,prononcées à Paris en 1937 et 1938, respectivement «L’impossible antisémitisme», et «Les juifs parmi les nations».
Puis, tout au long de la Deuxième Guerre mondiale depuis les États-Unis, il ne cessa d’écrire et de parler à la radio par des chroniques très clairvoyantes, pressentant et alertant le monde sur l’extermination des Juifs en Europe.
Lors de la Conférence de Seelisberg(1947) il fit lire par son grand ami, le futur cardinal Charles Journet, un message qui demeure toujours une référence, lui-même étant retenu à Rome comme ambassadeur de France auprès du Saint-Siège(1945-1948).
Une partie de ses écrits sur les relations judéo-chrétiennes a été rassemblée dans deux volumes : Le Mystère d’Israël (éd. Desclée de Brouwer, 1965; nouvelle éd., 1990) et L’impossible antisémitisme, précédé de «Jacques Maritain et les Juifs» par Pierre Vidal-Naquet (éd. Desclée de Brouwer, 1994)