Jules Isaac (1877-1963)
Auteur des célèbres manuels « Malet-Isaac », il étudia les origines de la Première Guerre mondiale et lutta pour extirper de l’enseignement européen de l’histoire tout ferment de haine.
Il réagit au régime vichyste par un hymne à la liberté perdue (Les Oligarques, éd. de Minuit, 1945) et à l’antisémitisme par la mise à jour, à partir de 1942, d’une de ses principales racines : « l’enseignement du mépris », enseignement négatif véhiculé par le christianisme à l’égard des juifs et du judaïsme. Ce travail aboutit à son œuvre maîtresse : Jésus et Israël, éd. Albin Michel, 1948.
Après la révélation de l’assassinat de sa femme et de sa fille à Auschwitz, en 1943, il fonda en 1948 l’Amitié Judéo-Chrétienne de France (AJCF). Reçu par le pape Pie XII en 1949 et le pape Jean XXIII en 1960, il obtint de ce dernier que le problème des rapports de l’Église et d’Israël fût mis à l’ordre du jour du Concile Vatican II (1962-1965) et même s’il ne put voir l’aboutissement de ses efforts par la promulgation de la déclaration conciliaire « Nostra Aetate » (28 octobre 1965), il fut bien l’une des personnalités à l’avoir suscitée.
Il existe deux biographies sur Jules Isaac, l’une d’André Kaspi, Jules Isaac ou la passion de la vérité, éd. Plon, 2002, qui évoque l’ensemble de son parcours d’historien.
L’autre, de Norman C. Tobias, s’attache plus particulièrement à toute la période de fondation et de développement de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France. L’auteur se base sur une documentation très riche, bénéficiant notamment du fonds des manuscrits de la bibliothèque Méjanes, à Aix-en-Provence, aujourd’hui transférés à la BNF. Mais surtout il a travaillé de façon originale sur le rôle de Jules Isaac dans l’inscription de la question des relations judéo-chrétiennes lors de la préparation du Concile Vatican II, ce qui devait permettre l’adoption de la Déclaration « Nostra Aetate » (1965). Norman C. Tobias, La conscience juive de l’Église. Jules Isaac et le Concile Vatican II. Biographie, éd. Salvator, 2018.