Tischa Be Av, le 9 Av : commémoration de la destruction du Temple de Jérusalem

Pour faire mémoire de ce drame, le peuple juif observe un grand deuil.

Comme l’écrit Claude Vigée[1], c’est le jour anniversaire d’un anéantissement total, le signe d’un blocage radical du devenir historique du peuple juif.

Ce jour est devenu, dans la conscience du peuple juif, bien plus qu’un jour de deuil, car on y fait mémoire de catastrophes sans fin :

  • la destruction du premier Temple de Jérusalem par Nabuchodonosor, en 587 avant l’ère courante , sous le règne de Sédécias, roi de Juda (cf. II Rois 25, 8-9)
  • la destruction du second Temple en 70 de l’ère courante par les légions romaines de Titus
  • la prise de Béthar, qui signa la défaite de Bar Kochba, suivie de l’expulsion des juifs de Jérusalem appelée par l’empereur romain Hadrien : Aelia Capitolina
  • l’expulsion des juifs d’Espagne le 2 août 1492, qui était un 9 Av !

La liturgie du jour est marquée par :

  • un jeûne total de 26 heures, sans nourriture ni boisson
  • l’évocation de toutes ces catastrophes
  • la lecture du Livre des Lamentations de Jérémie et du Livre de Job
  • des prières et des complaintes sur la destruction de communautés de la diaspora juive, massacrées simplement parce qu’elles étaient juives. Une complainte tardive, incluse dans tous les rites ashkénazes, se rapporte à l’autodafé des livres du Talmud en 1244 à Paris.

Notons que, pendant la domination turque (1517-1917), le 9 Av était le seul jour où les juifs avaient le droit d’entrer dans Jérusalem et ils allaient pleurer auprès du mur de fondation du Temple, d’où le nom connu de « mur des lamentations », aujourd’hui appelé « kotel » ou mur occidental.

C’est là que se rassemblent de nos jours les juifs du monde entier pour célébrer l’Eternel. Comme disent les maîtres de la tradition d’Israël : Quiconque porte le deuil de Jérusalem mérite de partager sa joie, mais celui qui n’en porte pas le deuil ne prendra pas part à sa joie (Talmud de Babylone, Ta’anit 30 b).

 

[1] Claude Vigée, France catholique n° 2003, 10 mai 1985