Yom Kippour
Yom Kippour (jour du pardon) est le jour le plus saint et le plus solennel du calendrier juif. Il a pour objet d’expier les fautes commises envers Dieu et se caractérise par vingt-cinq heures de jeûne et de prière
Les dix jours de pénitence qui précèdent, ou « jours redoutables » (entre Roch HaChana et Kippour), ont été institués par les rabbins pour permettre à chacun de se réconcilier avec son prochain, afin d’obtenir le pardon de Dieu.
Le jeûne commence la veille de la fête au coucher du soleil et se termine le lendemain à la nuit tombée. D’autres obligations sont liées à Kippour, comme l’abstention de relations sexuelles, et il est recommandé de porter des vêtements blancs en signe de pureté.
Les sources bibliques
La fête de Kippour a son fondement dans la Bible : « C’est pour vous une loi immuable : au septième mois, le dix du mois, vous jeûnez et vous ne faites aucun ouvrage, tant l’indigène que l’émigré installé parmi vous. En effet, c’est ce jour-là qu’on fait sur vous le rite d’absolution qui vous purifie. Devant le Seigneur, vous serez purs de tous vos péchés. C’est pour vous un shabbat, un jour de repos, où vous jeûnez (…) C’est pour vous une loi immuable concernant la cérémonie d’absolution, une fois l’an, de tous les péchés des fils d’Israël (Lv 16, 29-34)
On retrouve le même thème en Lv 23, 27-32 et Nb 29, 7-11.
Le rite à l’époque du Temple
Lorsque le Temple existait, le Grand Prêtre, après s’être purifié et avoir revêtu les vêtements sacrés, égorgeait un taureau et un bouc et faisait une aspersion de leur sang devant le propitiatoire.
Puis il entrait dans le Saint des Saints, où il prononçait la confession des péchés, une première fois pour son expiation et celle de sa maison, et la seconde fois pour l’expiation de toute l’assemblée d’Israël.
Pendant ce temps, les prêtres et le peuple se tenaient dans les parvis et, lorsqu’ils entendaient le Grand Prêtre prononcer le Nom ineffable, ils s’agenouillaient, se prosternaient et tombaient la face contre terre en disant : « Béni soit le Nom glorieux de son règne à jamais ».
On présentait ensuite au Grand Prêtre un second bouc, le bouc émissaire, sur lequel il posait ses deux mains en renouvelant sa confession, avant de l’envoyer, vivant, vers le désert, chargé des péchés du peuple.
La liturgie de Kippour aujourd’hui
La journée de Kippour est scandée par cinq offices : aux trois offices ordinaires s’ajoutent, l’après-midi, l’office de Moussaf (des shabbats et jours de fête) et, le soir, celui de Né’ila (clôture).
– La liturgie commence par le chant Kol Nidré (tous les vœux), qui est une demande de pardon pour que tous les vœux et promesses énoncés par erreur « soient tous déclarés non valides, annulés, dissous, nuls et non avenus ». Il s’agit des vœux faits entre l’homme et Dieu.
– Au centre de la liturgie, la confession des péchés doit être récitée par chaque participant, et est reprise dix fois au cours de la journée. Elle se termine par la prière Anenou (Réponds-nous), supplication instante adressée à Dieu.
Les offices du matin et de l’après-midi comportent la lecture de la Tora et du livre de Jonas qui souligne l’importance de la repentance.
La Torah n’ordonne pas de sonner du chofar (corne de bélier) pendant le jour de Kippour, à l’exception de l’année du jubilé (cf. Lv 25, 8-10). Mais, depuis le Moyen Age, on a pris l’habitude de le faire pour annoncer la fin du jeûne, au sortir de l’office de Ne’ila (fermeture des portes). Cet office doit s’achever au moment où apparaissent les étoiles, à l’heure où l’on fermait les portes du Temple.
C’est alors qu’entre en vigueur le décret divin prononcé à Roch HaChana suspendu pendant les jours redoutables pour permettre à chacun de demander et d’obtenir le pardon de ceux qu’il pense avoir offensés. Après quoi, le livre de la miséricorde est scellé.
On s’adresse alors mutuellement le vœu de hatima tova (littéralement : bonne inscription) souhaitant que tout juif soir reconnu apte à être inscrit au Livre de Vie et aborde la nouvelle année avec un cœur purifié..
A travers cette repentance collective, chacun prend sa part des fautes de la communauté et engage sa responsabilité pour entrer dans une démarche de conversion, afin d’obtenir le pardon que seul Dieu peut donner.
Kippour et le Nouveau Testament
Contrairement aux autres fêtes de pèlerinage, Kippour n’a pas d’équivalent dans la liturgie chrétienne. Il est clair cependant que l’on en trouve un écho dans ces versets de l’évangile de Matthieu : « Quand donc tu vas présenter ton offrande à l’autel, si là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; viens alors présenter ton offrande. » (Mt 5, 23-24).
La repentance est d’ailleurs l’une des attitudes clés à laquelle invite Jésus, dès le début de sa vie publique, en insistant sur la miséricorde et la tendresse de Dieu son Père envers les pécheurs.
L’auteur de la lettre aux Hébreux, quant à lui, fait explicitement allusion à Kippour en assimilant Jésus au Grand Prêtre : « Christ est survenu, grand prêtre des biens à venir. C’est (…) par le sang, non pas des boucs et des veaux mais par son propre sang qu’il est entré une fois pour toutes dans le sanctuaire et qu’il a obtenu une libération définitive. »(He 9, 1-28).
« Comme l’affirme le Catéchisme de l’Église catholique (n°2747), la prière de Jésus rapportée au chapitre 17 de l’évangile selon St Jean, et appelée à juste titre prière « sacerdotale » est compréhensible dans son extrême richesse surtout si nous l’inscrivons dans le cadre de la fête juive de l’expiation, le Yom Kippour. Ce jour-là, le Grand Prêtre accomplit l’expiation d’abord pour lui-même, puis pour la classe sacerdotale et enfin pour toute la communauté du peuple. Le but est de redonner au peuple d’Israël, après les transgressions d’une année, la conscience de la réconciliation avec Dieu, la conscience d’être un peuple élu, un « peuple saint » au milieu des autres peuples (…) Jésus cette nuit-là, s’adresse au Père au moment où il s’offre lui-même. Lui, prêtre et victime, prie pour lui-même, pour les apôtres et pour tous ceux qui croient en lui, pour l’Église de tous les temps. »
Extrait de l’audience générale donnée par le pape Benoit XVI le 25 janvier 2012