Le deuil

Le judaïsme a toujours regardé la mort comme le terme naturel de la vie terrestre dont il n’y a pas lieu d’avoir peur. Les divers rites de deuil sont conçus pour aider les personnes concernées par la mort d’un proche à continuer à vivre et à surmonter leur désespoir.

Le processus de deuil

Du jour de la mort à l’enterrement

Selon une coutume assez ancienne, le corps du défunt est déposé à terre, sur une planche, et recouvert d’un drap. On allume une bougie à la tête et une aux pieds du défunt. Après une soigneuse toilette mortuaire, on procède à la « purification » qui consiste à asperger d’eau le corps, en prononçant les versets suivants du prophète Ézéchiel : « Et je verserai sur vous de l’eau pure et vous serez purifiés ; de toutes vos impuretés et de toutes vos souillures je vous purifierai. » (Ez 36, 25)

On revêt ensuite le mort d’un vêtement blanc et, s’il s’agit d’un homme, on l’enveloppe dans un châle de prière (le tallit) dont on a coupé l’un des quatre coins. L’usage occidental est de le déposer dans un cercueil (dans lequel on a répandu un peu de terre d’Israël) mais, en Afrique du Nord et en Orient, l’ensevelissement se fait à même la terre.

Les proches du défunt le veillent jusqu’à l’enterrement qui a lieu dans les 24 heures suivant le décès. En signe de deuil, ils doivent déchirer l’un de leurs vêtements.

L’accompagnement du défunt au cimetière est considéré comme un commandement (mitsva) très important. Après l’oraison funèbre, le cercueil est descendu dans la tombe et le rabbin et les assistants y jettent trois poignées de terre en disant : « Tu viens de la poussière et à la poussière tu retournes ; la poussière retourne à la terre d’où elle est venue et l’âme retourne vers Dieu qui l’a donnée. » La mise en terre s’accompagne de la récitation du qaddish (cf.ci-dessous) par le fils du défunt, ou un parent.

Après l’enterrement

Pendant une première période, couramment appelée shiva (sept) (conf. le film « Les sept jours », 2008) car elle dure sept jours (cf. Gn 50, 10), les endeuillés ne peuvent s’asseoir qu’à même le sol, sur des coussins posés par terre ou sur des bancs.
Ils sont dispensés des commandements positifs : prier, mettre les phylactères (tefillin), réciter l’action de grâces après les repas.
En revanche, ils ne sont pas exemptés des commandements négatifs : il leur est interdit de se raser, de se couper les cheveux, d’avoir des relations conjugales, de travailler et même d’étudier la Tora, sauf s’il s’agit de sujets ayant trait au deuil.

Les membres de leur communauté viennent leur rendre visite pour les réconforter et leur témoigner leur sympathie. Dans certaines communautés, ils cuisinent pour les familles en deuil.

Au cours de la shiva, la tradition veut qu’on lise le psaume 16 et Isaïe 25, 8 : « Il fera disparaître la mort pour toujours. Le Seigneur Dieu essuiera les larmes sur tous les visages et dans tout le pays il enlèvera la honte de son peuple. Il l’a dit, lui, le Seigneur. »

Pendant le shabbat, on n’étale pas son deuil en public.

Au matin du septième jour commence une période de deuil de moindre intensité, connue sous le nom de shleloshim (trente) qui se prolonge jusqu’au trentième jour. Il faut réciter la prière du qaddish tous les jours.

Le deuil prend fin à l’expiration de ces trente jours, sauf pour les proches qui appliquent les règles de deuil pendant onze mois. Durant ce temps, une lumière brûle à leur foyer en souvenir du disparu et le qaddish est récité à l’office synagogal.

Dans le Nouveau Testament

Jésus n’a jamais voulu abolir la Loi (cf. Mt 5, 17). C’est pourquoi sa répartie : « Laisse les morts ensevelir leurs morts. » (cf. Luc 9, 59-62 ou Mt 8, 21-22) peut paraître déroutante. Cependant, si l’on replace cette parole dans son contexte, on voit que, pour Jésus, l’urgence est non pas d’enterrer les morts mais d’annoncer le Royaume.

Qu’est ce que le qaddish ?

C’est un hymne de louange, qui sanctifie le Nom de Dieu et demande l’avènement de son royaume, très ancien. Il est rédigé en araméen et toujours récité dans cette langue de nos jours au cours des offices communautaires juifs.On remarquera la consonance de cette prière avec le Notre Père.

« Que soit magnifié et sanctifié son grand nom dans le monde qu’il a créé selon sa volonté et qu’il établisse son règne de notre vivant et de nos jours et du vivant de toute la maison d’Israël, bientôt et dans un temps proche et dites : Amen !
Que son grand nom soit béni à jamais et d’éternité en éternité !
Que soit béni et célébré, glorifié et exalté, élevé et honoré, magnifié et loué le Nom du Saint, béni soit-il ! Lui qui est au-dessus de toute bénédiction et de tout cantique, de toute louange et de toute consolation qui sont proférées dans le monde, et dites : Amen !
Que les prières et les supplications de tout Israël soient accueillies par leur Père qui est aux cieux, et dites : Amen !
Que la plénitude de la paix nous vienne des cieux, ainsi que la vie, pour nous et pour tout Israël, et dites : Amen !
Que celui qui établit la paix dans ses hauteurs l’établisse sur nous et sur tout Israël, et dites : Amen ! »

Bien qu’il ne soit pas une prière pour les morts, il est de tradition aujourd’hui et depuis le Moyen Age, de prononcer le Qaddish après l’inhumation d’un défunt et pendant les onze mois suivants.

Parce qu’elle met l’accent sur la résurrection des morts, sa formulation est légèrement différente : « Que soit magnifié et sanctifié ton grand Nom dans le monde qu’au temps futur il renouvellera. Il ressuscitera les morts pour les appeler à la vie éternelle. Il reconstruira la ville de Jérusalem, y rétablira le Sanctuaire, fera disparaître le culte idolâtre de la terre; et le (vrai) culte sera rétabli sur sa Terre. Et le Saint, béni soit-il, règnera dans son royaume. »