Écriture et Tradition dans le judaïsme

Les juifs désignent par Tanakh l’ensemble de leurs Ecritures : T pour Torah, N pour Nevi’im (Prophètes) et Kh pour Ketouvim (Ecrits).

Au sens restreint, la Torah regroupe les cinq livres du Pentateuque, cœur de la révélation et de la législation sur lesquelles repose la vie juive. Le mot Torah peut aussi s’entendre des 24 livres du Canon juif.  Le mot « Torah » est habituellement traduit par « loi ». Or, c’est une traduction trop restrictive. La racine de ce mot signifie « lancer une flèche », « viser un but » : André Neher, dans son livre sur Moïse, explique : « Torah en hébreu n’est par l’ordre, mais l’orientation ; pas la loi mais la voie, la route sur laquelle est possible un cheminement en commun. »

En Lv 26, 46, on lit : « Telles sont les décisions, les sentences et les lois (torah au pluriel) que l’Éternel a établies entre Lui et les fils d’Israël par l’intermédiaire de Moïse ». Le Midrash Sifra 54, 11 explique que l’emploi de Torah au pluriel indique que deux Torah ont été données : une écrite et une orale. Dans la tradition rabbinique, la loi écrite n’est pas censée se suffire à elle-même et ne peut être comprise qu’à travers l’interprétation autorisée de la loi orale. Ce travail d’interprétation qui est continuellement créatif constitue ce que l’on appelle la « Tradition » et se transmet de génération en génération selon un enchaînement qui lui donne son autorité. Selon les rabbins, la Torah orale est aussi vénérable que la Torah écrite. D’abord exclusivement orale, elle a été ultérieurement mise par écrit (Mishna, Talmud,) entre le 2° et 5° siècle ap JC.  L’étude régulière et approfondie de la Torah est un devoir (mitsva) pour tout Juif.

On retrouve dans le christianisme cette distinction entre Écriture et Tradition, les deux modes de transmission de la Révélation. L’Église, dans le texte fondamental Dei Verbum de Vatican II, affirme clairement : « C’est pourquoi l’un et l’autre – l’Écriture et la Tradition – doivent être reçues et vénérées avec un égal sentiment d’amour et de respect »[1] et il souligne bien leur unité en refusant de parler de deux sources de la Révélation: « La Sainte Tradition et la Sainte Écriture constituent un unique dépôt sacré de la Parole de Dieu confiée à l’Église »[2]  ](cf Constitution dogmatique sur la révélation divine Dei Verbum §9)

[1]     Constitution « Dei Verbum », Concile V II §9
[2]     Idem §10