La théologie de la substitution

Comment apparait l’idée de remplacement ?

Le théologien protestant Fadiey LOVSKY a bien résumé cette évolution en disant que les premiers chrétiens d’origine grecque ou romaine avaient d’abord dit : « Israël c’est nous aussi » puis « Israël c’est nous », puis « Israël ce n’est que nous ».

Dit autrement, les grecs et romains devenus chrétiens avaient conscience d’être greffés sur le peuple d’Israël par le biais des apôtres, en particulier.

Au départ, la querelle théologique était interne au peuple d’Israël et peu à peu elle a créé une fracture entre la communauté juive et la communauté chrétienne.

Cette polémique grandissante a conduit une grande majorité de chrétiens à prétendre que le peuple juif avait été rejeté par Dieu.

Ce sont malheureusement ces idées qui ont contribué au long des siècles à marginaliser le peuple juif, et même à le considérer souvent comme maudit par Dieu.

Et cet enseignement du mépris a facilité les nombreuses persécutions du peuple juif. Au premier siècle, l’accueil de grecs et de romains dans la communauté chrétienne était perçu comme un élargissement de l’alliance après le renouvellement opéré par la venue de Jésus le Messie. Cet élargissement était compris comme une bénédiction, liée à la promesse faite à Abraham : « par ta bénédiction seront bénies toutes les nations » (Gn 12, 3).

olivier

Avec la séparation grandissante entre juifs et chrétiens, en quelques siècles, la tentation chrétienne a été de penser que si le peuple de Dieu c’était l’Église alors cela ne pouvait pas être le peuple d’Israël, alors, que saint Paul parle des grecs et des romains devenus chrétiens comme de branches sauvages, greffées sur le même arbre que le peuple d’Israël.(Rm 11,16-24)

Cette idée de remplacement aurait été incompréhensible au premier siècle tant que l’Église était un petit groupe en comparaison du peuple juif dans son ensemble.

Mais, en quelques siècles les chrétiens d’origine païenne vont devenir nettement plus nombreux et l’affrontement théologique va se poursuivre. Va se développer aussi l’idée que peuple juif et peuple chrétien sont deux peuples différents.

Cette différence va évoluer en opposition et donner place à l’idée du remplacement du peuple d’Israël par l’Église.

Et pour justifier cela, on évoquera souvent un rejet du peuple d’Israël, ce rejet étant généralement justifié par une supposée infidélité.

Tout cela a donc conforté pour beaucoup, pendant des siècles, l’idée que l’Église remplacerait le peuple d’Israël.

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